Néo Géo recevait en novembre 1995 le poète et chanteur camerounais Francis Bebey.
1995-2020 : 25 ans de sono mondiale. Bintou Simporé vous présente chaque jour de l’été à midi sur Radio Nova, les pépites acoustiques de Radio Nova mises en son par Isabelle Gornet et Benoît Thuault dans notre Salon de Musique, avec la participation d’Isadora Dartial du département « Archives » de Nova.
« Agatha ne me ment pas, ce n’est pas mon fils, tu le sais bien… », Souvenez-vous, le regretté Rachid Taha avait repris ce morceau de Francis Bebey sur l’album Diwan 2. L’histoire d’un mec qui s’étonne de la couleur blanche de sa progéniture et doute que ce soit la sienne, l’un des morceaux phares de Francis Bebey, sacré chansonnier des années 70 qui nous a amusés avec ces textes sur « La Condition masculine » ou dans « Si les gaulois avaient su », référence humoristique aux cours d’histoire dispensés sous l’administration coloniale aux écoliers africains.
Drôle de griot que ce petit monsieur discret, né au Cameroun, initié aux musiques classiques européennes par son père pasteur, venu en France en 1951 pour y préparer une licence d’anglais sans jamais négliger sa passion pour la musique qu’il va explorer sous toutes ses coutures, avec le banjo que lui offre son frère Marcel, puis la guitare dont il deviendra un interprète virtuose, explorant le makossa de ses origines douala tout en développant la composition de suites africaines pour guitare classique.
Féru de jazz et de blues avec un jeune émule qui s’appelle Manu Dibango auquel il apprendra quelques bases, Francis Bebey, le journaliste et homme de radio intégrE au retour d’une formation aux États-Unis, la Sofarom, l’ancêtre de Radio France Internationale puis devient responsable du département musique à L’Unesco et se mue en écrivain, publiant en 1968, Le Fils d’Agatha Moudio, roman qui remporte le Grand Prix Littéraire d’Afrique Noire et consacre le Francis Bebey écrivain et poète qui publiera une quinzaine d’ouvrages.
Il quittera ses fonctions à l’Unesco pour se consacrer à son œuvre musicale, explorant toutes sortes d’instruments dans l’appartement familial parisien devenu un studio-labo partagé avec ses enfants.
Ces dernières années on a redécouvert la période afropsyché de Francis Bebey qui s’est livré à toutes sortes d’expérimentations avec l’électronique mais également avec une simple flûte pygmée et une sanza pour nous plonger, comme en cette année 1995 à Radio Nova, dans les bruissements de la forêt camerounaise.
Plusieurs de ses créations sont à retrouver, entre autres rééditions, sur le label Born Bad Records, dans African Electronic Music 1975-1982 et Psychedelic sanza 1982-1984.
Visuel © Frans Schellekens