Quand les rappeurs égyptiens s’engagent
10h sur Nova : l’heure des cultures engagées, batailleuses, insoumises – en résistance quoi. Et ce matin, il était question de rap égyptien !
En Egypte, les prochaines élections législatives sont annoncées pour la fin du mois d’avril et l’espoir est mince pour les libéraux démocratiques… Pendant ce temps, le rap oriental chronique cette saison 3 du printemps arabe !
En Tunisie, on connaissait déjà El Général et son hip-hop anti Ben Ali. Mais au pays des pharaons, où est donc la bande-son de l’insurrection contre Moubarak et son successeur Morsi qui s’est octroyé les pleins pouvoirs il y a quelques mois ? Où est le son de ces graffeurs qui se battent dans les rues du Caire contre les effaceurs du pouvoir et autres islamistes radicaux ?
Apparemment, le son est bien là, mais il est resté planqué pendant des années dans un monde souterrain qui commence seulement à la diffuser. C’est ce qu’explique Yazan Al-Saadi, journaliste et critique au quotidien libanais Al Akhbar « On peut dire qu’avec le déclenchement du Printemps arabe il y a deux ans, un nouveau chapitre de rap arabe a commencé » a expliqué le journaliste à TV5 Monde.
Une révolution qui a donc fait office d’amplificateur pour ce rap oriental qui se détache désormais des canons américains pour pleinement intégrer la culture arabe.
C’est par exemple le rappeur égyptien Deeb, qui se revendique d’un courant de rappeurs moyen-orientaux, ceux qui s’affichent désormais avec une identité bien définie. Derrière son titre « Maou’oud », on entend l’un des thèmes musicaux d’une chanson romantique éponyme du début des années 70. Dans le clip, le rappeur égyption assène son flot en sillonnant les rues du Caire à pied ou à l’arrière d’une camionnette.
Il s’en prend à l’ancien régime du président déchu Hosni Moubarak, mais aussi au pouvoir islamiste en place. Corruption, harcèlement sexuel, manque de sécurité, médias corrompus, entre autres, sont évoqués dans le rap de Deeb, « dédié aux martyrs du Printemps arabe ».
Un rap conscient qui met colères et chagrins de la société sur haut parleur, teinté de mélodies traditionnelles et de poésie arabe. Les soulèvements de 2011 ont « donné de l’énergie » à ce rap oriental enragé.
En 2013, cette fois-ci, c’est le printemps du rap !
Source : TV5 Monde