Aujourd’hui dans Vitamine So : un hymne de la contestation composé après un couvre-feu, « For What It’s Worth » de Buffalo Springfield
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Ce matin cette affaire de couvre feu t’a je crois donné envie de parler d’un classique de la musique ?
Et bien, oui parce que si un couvre feu nous tombe dessus, ce ne sera pas une première dans l’histoire du monde. Forcément, quand c’est arrivé, et bien ça a inspiré quelques oeuvres littéraires ou musicales rebelles. Et parmi les morceaux en question, il y un grand classique de nos ondes, du rock folk et psyché le « For What It’s Worth » de Buffalo Springfield.
Ce titre est écrit en 1966, aux Etats-Unis qui s’enlisent dans la guerre du Vietnam et qui sont en plein bouleversement social. Une génération d’Américains, et notamment les plus jeunes, commencent à s’opposer ce conflit, et plus généralement à questionner le modèle social et politique de leur pays. Mais ça n’est pas exactement de ça dont parle cette chanson.
Plus précisément elle raconte un fait de société qui a secoué Hollywood en 1966. A l’époque, la jeunesse de la ville aime se retrouver sur le Sunset Strip, une section du fameux Sunset Boulevard, pour refaire le monde, penser l’avenir et voir des concerts dans le club Whisky a Gogo. Forcément, ces nuits attirent, intriguent et dérangent le voisinage et les autorités en place. Les hippies, dont font partie le groupe Buffalo Springfield, sont dans le viseur de la police qui va intervenir pour imposer un couvre feu.
A leur demande chaque soir, les clubs et bars de la rue Sunset Strip fermeront à 22h pile poil.
Ce qui n’est pas pour plaire à nos ami.es, rejoint par des stars comme Peter Fonda ou Jack Nicholson, qui commencent à manifester leur mécontentement le 12 novembre 1966. Et si au début, les rassemblements sont pacifistes, rapidement la tension monte entre les manifestants et les forces de l’ordre.
Cette affaire de couvre feu, de fermetures administratives, et de mécompréhension entre les aspirations de la jeunesse et celle d’un pays conservateur va durer plusieurs semaines et va donc notamment inspirer le groupe Buffalo Springfield, témoin et en première ligne de cette grande affaire.
Le morceau va alors devenir un hymne contestataire, qui va servir à illustrer beaucoup de scènes de films où l’on parle antimilitarisme. Dans Forrest Gump, par exemple. Ce morceau va également souvent être repris, dans d’autres contextes sociaux et musicaux, mais avec toujours la même intention d’évoquer des contre pouvoirs et des contre cultures.
D’ailleurs je vais vous jouer une des versions reprises, parce que je me suis dit que l’original vous la connaissiez sans doute, et j’ai opté pour celle de Miriam Makeba, qu’elle enregistre à peine 4 ans après celle de Buffalo Springfield.