Aujourd’hui dans La Potion, un des musiciens qui incarne le renouveau du jazz caribéen : le batteur Sonny Troupé ! Il nous explique en quoi, pour lui, revenir aux pharmacopées naturelles et aux médecines traditionnelles est éminemment politique;
Tous les jours dans Nova Lova, Jeanne Lacaille vous propose une chronique sur les musiques rituelles, les rythmes issus des musiques de guérison (traditionnelles ou repassées à la moulinette des musiques actuelles), des plantes ou bien des savoirs hérités racontés par des invité.e.s un peu sorcier.e.s de passage à Nova. Un podcast réalisé par Tristan Guérin.
Sonny Troupé touche très jeune à la musique, et plus précisément au tambour ka, le pilier rythmique du gwoka qui est, dans l’âme, à la Guadeloupe ce que le maloya est à la Réunion : un genre musical rebelle, politique, militant et résolument créole. Sous l’influence de son père saxophoniste et grand pédagogue, Georges Troupé, notre batteur étudie les rythmes traditionnels des Antilles, biguine et mazurka en tête, et puis le jazz, celui de Max Roach ou Art Blakey. Un mélange bien arrangé qui l’amènera à jouer aux côtés de Kenny Garrett, Lisa Simone, Raphaël Imbert ou Lionel Loueke, mais aussi la crème des musiciens ultramarins tels que Dédé Saint-Prix, Alain Jean-Marie, Christian Laviso, Grégory Privat ou encore Mario Canonge.
En solo, on avait découvert Sonny Troupé avec Voyage et Rêves, un premier album conçu comme un trip parsemé de samples qui interrogeait en creux son identité créole, le tout chevillé autour de la puissance du tambour ka. Quelques albums plus tard, on retrouvait plus récemment Sonny Troupé aux côtés de Casey au sein du groupe Ausgang entre rap et rock ; avec Casey encore et la flûtiste Célia Wa au cœur du trio Expeka, qui exhume les traumatismes occultés de la Guadeloupe et de la Martinique. Vous l’aurez compris, Sonny Troupé est un être raciné. Il se trouve que le batteur tambourier connaît bien sa pharmacopée, au fond aussi politique que sa musique.