Aujourd’hui dans l’anniversaire du jour : on fête les 21 ans d’un album sensuel et sacré, c’est « Mama’s Gun » de la reine de la Nu Soul Erykah Badu.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-12h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement
Ce matin, on célèbre l’anniversaire d’un disque pilier d’un mouvement, d’une époque, on rend aussi hommage à une reine : Queen Erykah Badu. On fête les 21 ans de l’album Mama’s Gun.
Ce disque, qui sort fin novembre 2000, est absolument mythique. Pour ce que l’œuvre qu’il est, en soi, et pour la période qu’il raconte. À l’époque Erykah Badu est bien connue du public, grâce à son premier album sorti en 1997, Baduizm qui comme son nom l’indique a marqué le début de son règne à elle, prêtresse de la nu soul.
La nu soul, dans les années 90, c’est un terme assez large qui essaie de réunir des musiciens comme D’Angelo, Raphael Saadiq, Angie Stone ou Lauryn Hill, qui ont une manière de s’émanciper du rnb et du hip hop qui se font à la chaîne aux États-Unis. La tribu des new soulmen et soul women, elle est faite de musiciens très influencés par leurs aînés, et qui sont aussi des artistes à voix, intimistes, charnels.
Dans ce jeu-là, il y a un collectif qui se démarque : les Soulquarians où l’on croise les Roots, Common, Bilal, D’Angelo et Erykah Badu justement. Et c’est avec cette clique-là qu’elle sait être exactement son école musicale, qu’elle va donc composer Mama’s Gun, pilier de l’an 2000. Et c’est un disque qu’elle va prendre le temps d’imaginer, puisqu’il sort trois ans après ses débuts. C’est que malgré la pression et l’attente du public, Erykah est une artiste extrêmement perfectionniste, qui ne veut pas appliquer des recettes juste parce qu’elle sait qu’elles sont efficaces.
Un album pilier de l’an 2000, composé avec les « Soulquarians »,
Alors Erykah Badu s’entoure de gens qu’elle aime, et compose cet album dans lequel elle va se présenter telle qu’elle est au public. Elle va écrire des chansons qui parlent d’elle, de ses amours déçues avec André 3000, du climat politique américain et des violences policières (sur le morceau A.D 2000 qui porte les initiales d’Amadou Diallo assassiné par la police en 1999).
Et elle tient à se livrer avec la meilleure production possible alors elle se rend au studio Electric Lady, monté des années plus tôt par Jimi Hendrix. Elle cherche un son analogique, pas écrasé, pas formaté. Elle rêve de faire un disque comme celui des chanteuses et des chanteurs des années 60 et 70 qu’elle admire. Et elle y arrive.
Je crois que ce qu’on aime, et ce qui a été applaudi à l’époque, c’est que cet album est un bijou sonore brut. D’une adéquation folle entre le son et les paroles. Le résultat c’est qu’il qui se distingue de la masse de choses qui sortent à l’époque, qui est la plus faste que l’industrie du disque ait connu, mais qui est aussi une période de formatage musical.
Et des années plus tard même si le contexte n’est plus le même, je trouve que cet album fait encore cet effet-là Il brille, sous toutes ses coutures. Il a un timbre comme peu d’autres, il ne vieillit pas, il se patine à la limite.
Donc joyeux anniversaire disque sacré, d’Erykah Queen Badu.
Visuel © pochette de Mama’s Gun Love par Erykah Badu