Ou quand Marilena Pelosi expose au musée de la Création Franche…
Chouette, j’ai un bon plan pour troubler votre désir d’ataraxie ! Je pense aussi à l’éducation de vos chères têtes blondes avec une initiation à l’art brut et bestial sans concession. Pour cela, dirigez-vous à Bègles en banlieue bordelaise où se niche le Musée de la Création Franche. Ce musée où l’art brut est érigé en royaume paradisiaque, souvent concocté par des personnalités autistes, retranchées dans leur monde intérieur : qu’il s’agisse d’une cellule de prison, d’une chambre de bonne, d’hôpital psychiatrique ou d’un bout de carton dans un coin de rue.
En ce moment, la brésilienne Marilena Pelosi tapisse le musée de sa destinée chamanique et libertaire. Née le 26 février 1957 à Rio de Janeiro, elle assiste à de nombreux rituels Macumba (le Vaudou) étant enfant, ce qui va s’imprimer profondément en elle et à travers ses dessins. Elle commence à dessiner à l’âge de seize ans de toutes ses forces les plus macabres et libératrices. A l’âge de vingt ans pour échapper à un mariage forcé avec un prêtre de la Macumba, elle s’enfuit de la demeure familiale et quitte le Brésil. Durant cette période d’errance, elle baroude en Europe, en Inde, et en Amérique. Elle s’installe définitivement en France au début des années quatre-vingt et s’inscrit à l’Ecole du Louvre, en auditeur libre, tout en poursuivant sa création personnelle.
Qu’allez-vous voir à cette exposition ?
Des scénographies étranges, des cérémonies secrètes, des scènes dépouillées et truffées de symboles forts, occultes, angoissants, puissants : beaucoup d’abeilles, des femmes subissant des tortures, des personnages masqués, des affuteurs de lames, des tresseurs de fourrures, du liquide sous forme d’eau, sang ou larmes. Marilena tisse un monde fantasmagorique qui n’est pas sans rappeler les pratiques magico-religieuses de son Brésil natal. Le tout dessiné à la mine de plomb ou au stylo bille sur carton ou au crayon de couleur sur papier calque.
Indigné, choqué, estomaqué, fasciné, vous le serez sans doute face à ces perversions polymorphes, le fruit de souffrances exorcisées. Et Nietzsche d’ajouter : « Aucune forme n’est belle sans une terrifiante profondeur ».
Cette exposition esthète et inquiétante de Marilena Pelosi, c’est jusqu’au 17 mars au Musée de la Création Franche à Bègles.
58, Avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny
33130 Bègles