Un chef-d’œuvre est une pièce d’art, ou n’importe quel type d’ouvrage, qui a été réalisé avec un tel degré de perfection qu’elle a atteint des sommets de beauté qui provoquent l’admiration de toutes et tous. “London Calling”, des Clash, répond à tous les critères. Le troisième album de la formation britannique, publié le 14 décembre 1979, il y a donc 45 ans, est le grand manifeste punk de son époque.
Ne cherchez plus, si vous devez ne posséder qu’un seul disque des Clash, voir un seul album tout court, « London Calling » est là pour assurer vos arrières. Le troisième album du groupe de punk britannique, double, est tout simplement son chef-d’œuvre, est tout simplement UN chef-d’œuvre. C’est l’un des rares disques qui définissent leur époque et les années qui passent n’y font rien : « London Calling » garde et gardera toujours une place de choix dans l’histoire de la musique, de la pop culture et même du XXᵉ siècle.
C’est l’apocalypse à Londres, et les Clash bouillonnent
Il faut dire que les Clash étaient au sommet de leur art en 79, boostés par une situation économique chaotique. L’Angleterre de la fin des années 70 est en proie à une crise sociale d’ampleur, ravagée par le chômage et la toxicomanie qui explosent. L’arrivée au pouvoir d’une certaine Margaret Thatcher le 4 mai 79 cristallise encore un peu plus le mécontentement à l’heure de l’entrée du pays dans le Marché Commun : les grèves massives se multiplient. C’est dans ce contexte que sort « London Calling« , un brûlot incandescent de 19 titres apocalyptiques dont la chanson-titre est un appel à la révolte des laissés-pour-compte, qui allait y trouver le leur dans une Angleterre qui avait vu le rock devenir punk…
L’hymne générationnel d’un punk à peine né et déjà mourant
« London Calling » est un hymne au punk, au punk âpre, mais il est bien plus que ça, puisqu’en 1979, le punk était en fait déjà sur le déclin. À l’époque, les Clash étaient criblés de dettes et en guerre ouverte avec sa maison de disques. Les chanteurs guitaristes Joe Strummer et Mick Jones, les compositeurs du groupe, arrangèrent l’album chez la grand-mère de Jones où ce dernier vivait, faute d’argent. Le groupe allait passer trois mois à répéter et à enregistrer des démos dans un garage, avec une seule lampe et un vieux tapis dégueu pour insonoriser les murs avant d’entrer en studio. S’éloignant de leur punk-rock minimaliste, le quatuor pond un disque polyvalent, absolument essentiel, qui mêle le ska, à la pop, au rockab, à la soul, au reggae, à la new-wave et même au jazz…
De Elvis au punk, il n’y a qu’une image
Pour finir, un mot sur le producteur de « London Calling« , Guy Stevens, mort deux ans plus tard, en 1981, d’une overdose de médicaments, sans qui ce disque n’aurait sans doute pas été. Surtout, un mot sur la pochette, cliché photo capturé par, Pennie Smith, tout aussi mythique que le contenu de l’album. On y voit le bassiste du groupe, Paul Simonon, sur scène, sur le point de fracasser son instrument au sol. Une référence à la pochette du premier album de leur pair… Elvis !