Si on écrit que “Emmanuel Macron a très vite réagi à la censure du Gouvernement”, est-on impartial ? Non : même si on ne s’en rend pas forcément compte, le « très vite » n’a pas lieu d’être : il ne fait que valoriser le chef de l’État sans apporter d’informations. Tout ça pour dire que l’impartialité n’existe jamais vraiment dans le journalisme. Sauf que le Los Angeles Times veut introduire un « baromètre de partialité » pour ses articles… Une idée farfelue.
Il y a deux façons d’analyser le match nul d’une équipe de sport quelconque. Soit cette équipe a été maintenue en échec, soit elle a réussi à tenir son adversaire en échec. Ça ne change rien au résultat, simplement, vous prenez position. Tout ça pour dire que le Los Angeles Times veut en finir avec la partialité de ses journalistes…
Un baromètre de la partialité alimenté par l’IA
Une question cependant : comment le média compte-t-il s’y prendre ? Très franchement, ça nous semble impossible. Personne n’est impartial, mais à compter du mois de janvier, le plus grand quotidien de Californie, veut accompagner ses articles d’un « baromètre de la partialité« . Ce baromètre, alimenté par une intelligence artificielle, dont on peut se demander si elle sera elle-même impartiale, sera censé avertir les lectrices et lecteurs de l’orientation supposée de tel ou tel article ou reportage…
Le milliardaire Patrick Soon-Shiong au cœur du projet
Patrick Soon-Shiong, le milliardaire issu du secteur des biotechnologies qui a racheté le Los Angeles Times en 2018, a annoncé son intention d’intégrer cet indicateur de partialité aux articles de son journal. Selon lui, il s’agit d’éclairer les lectrices et lecteurs sur le niveau de partialité du ou des articles qu’elles et ils s’apprêtent à lire. Pour ce qui concerne le Los Angeles Times, il s’agira de préciser le niveau de partialité des articles qui seront de base de droite puisque le propriétaire du quotidien californien a exprimé publiquement ces dernières semaines son souhait d’embaucher davantage de plumes conservatrices dans les pages Opinion du journal…
Une controverse de plus pour le média américain…
Ce projet de « baromètre de la partialité » est la dernière controverse en date qui secoue le Los Angeles Times qui a subi ces derniers mois une vague de démissions et de licenciements. Notamment celui de Harry Litman, spécialiste des questions juridiques, une plume historique. Patrick Soon-Shiong a mis le feu aux poudres en refusant de publier dans son journal une déclaration de soutien à la candidate démocrate Kamala Harris lors de la présidentielle américaine…