Ces dernières semaines, de Nantes à Berlin, c’est le même combat culturel… Dix jours après que Christelle Morançais a annoncé la décapitation du budget culture de la région pays de la Loire (-73%), le Sénat de la capitale allemande s’apprête à couper 130 millions d’euros dans le sien, de budget… Évidemment, la culture est à la rue !
Allez petit jeu : quels sont les points communs entre Nantes et Berlin ? on y mange bien, des galettes d’un côté, des kebabs de l’autre, les gens sont super sympa et la culture est en PLS !
Ils et elles étaient encore plusieurs milliers il y a 10 jours à Nantes, pour protester contre les coupes drastiques dans le budget culture de la région, annoncée par sa présidente Christelle Morançais. L’Etat lui a intimé d’économiser 40 millions, mais Morançais est bonne élève et annonce économiser 100 millions en tronçonnant les budgets de la culture (– 73 %), du sport (– 75 %) et de l’égalité femmes-hommes (– 93 %).
Ainsi, on risque de voir disparaitre plusieurs festivals comme Les Escales, à Saint-Nazaire, ou des lieux de culture comme la Maison de la poésie de Nantes. Même les festivals les plus implantés comme La Folle Journée risquent d’être confrontés à de grandes difficultés financières.
Eh bien de l’autre bout de la nouvelle ligne SNCF, à Berlin, c’est la même stupeur et la même colère
La ville-région s’apprête à voter, jeudi, des économies de 130 millions d’euros dans le budget culture. Des coupes sans précédent depuis la réunification allemande. La vie culturelle, ça fait partie de l’ADN de Berlin
Concrètement, tout le monde va prendre un coup… des gros machin comme le music-hall Friedrichstadt-Palast, une attraction touristique, qui devra renoncer à 1,6 million, pareil pour les orchestres, la Philharmonie par exemple, 3 millions de moins pour le grand Deutsches Theater, 1,75 million de moins pour le Belriner Ensemble, j’en passe et des millions… Des centaines d’ateliers subventionnés vont aussi être supprimés, et avec les loyers qui grimpent toujours, on parle d’un futur exode des artistes
en toile de fond, la peur de vouloir porter un coup à la gauche, puisque la culture est connue pour véhiculer des valeurs plutot de gauche, les artistes et acteurs culturels qui étaient dans les rues de Berlin dimanche pour manifester parlent en tout cas d’une inquiétude liée à la montrée de l’extrême droite en Europe
le maire conservateur de berlin, Kai Wegner semble préférer en tout cas défendre le maintien des prix bas des parcmètres ou le prolongement de l’autoroute urbaine A100, qui est quand même la plus chère d’Allemagne (1,8 milliard d’euros),
une autoroute qui… va raser le dernier quartier alternatif de la capitale allemande, dans lequel on trouve des dizaines de clubs technos et d’institutions indépendantes, installés dans une friche industrielle le long d’une ligne de RER c’est derrière la gare d’Ostkreuz, pour les connaisseurs et on y trouve par exemple le club ABOUT BLANK
“On a programmé la disparition de la scène indépendante.» ce sont les mots du président de Clubcomission l’asso des clubs berlinois. « Nous avons proclamé fièrement que nous étions pauvres mais sexy (une ref au slogan de l’ancien maire de la ville). Mais Berlin ne sera bientôt plus sexy”. Les clubs à eux seuls à Berlin rapporteraient 1,5 milliard d’euros par an, car ils font venir des touristes, et la culture dans son ensemble c’est évidemment bien plus. on ne parle à priori donc pas de contraintes économiques mais de CHOIX : to be or not to be sexy
sachez que les clubs géorgiens aussi sont dans les rues en ce moment, ils se joignent au manif pro européennes, qui font rage depuis les législatives de fin octobre, remportées par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, mais jugées truquées par l’opposition proeuropéenne…