La Seconde Guerre mondiale a provoqué l’exode de centaines de scientifiques d’Europe, qui se sont réfugié aux États-Unis… Ironie de l’histoire : depuis l’accession de Donald Trump au pouvoir, c’est au tour de la Maison-Blanche de mener un conflit ouvert contre les gros cerveaux… Et au tour des scientifiques américains de fuir une fois de plus. En France, le programme “Safe Place for Science” cherche à accueillir les scientifiques qui fuient les ravages de l’administration Trump.
Vous l’avez peut-être déjà aperçu sur les réseaux sociaux ces derniers jours. Il s’agit d’une liste, publiée par la professeure en psychologie à l’université de Californie du Sud Darby Saxbe, qui répertorie près de 120 mots-clés désormais “interdits” dans les travaux scientifiques américains financés par le gouvernement. Le document lui a été transmis par un responsable de la National Science Foundation, une agence dotée de 9 milliards de dollars (soit 8,7 milliards d’euros) annuels, destinés à soutenir la recherche scientifique. Parmi les interdictions : « climat« , « préjugé« , « femme« , « race« , « équité« , « genre« … Bref, la quasi-totalité du lexique environnemental et social est banni.
Donald Trump & co en guerre contre la science
Depuis l’accession de Donald Trump à la Maison-Blanche, en janvier, le gouvernement mène une véritable guerre contre la science. Les travaux sur la crise climatique qui étaient sur le site du gouvernement affichent désormais “Erreur 404”… Le sénateur républicain Ted Cruz a listé 3 400 projets de recherche indésirables (décrits comme « woke« ), – notamment autour du climat, du genre ou des inégalités – pour lesquels les financements fédéraux doivent être suspendus. Pire encore, la réduction drastique du budget fédéral opéré par Elon Musk n’a pas épargné la National Science Foundation, qui a été contraint de virer 168 de ses employés en février, avant que l’administration fasse machine arrière, pour ne récupérer que 84 des 168 licenciés.
L’Université d’Aix-Marseille : un nouveau refuge pour les scientifiques américains
Donald Trump, Elon Musk et le Parti républicain censurent et appauvrissent la science, et la France compte bien en tirer profit. S’ils ne veulent pas des leurs scientifiques, l’Université d’Aix-Marseille (AMU), de son côté, est preneuse ! Eric Berton, président de l’établissement, a déjà annoncé avoir débloqué « un budget de 10 à 15 millions d’euros » pour financer une dizaine de chercheurs, sur 3 ans. L’assurance d’un « environnement favorisant l’innovation, l’excellence et la liberté académique”. Pour Eric Berton, désormais, « il faut mobiliser des fonds et que le mouvement s’étende à l’ensemble des universités et des organismes de recherche« , estime-t-il au Huff Post, appelant l’État et l’UE à « prendre le relais« .
« C’est un peu comme si des joueurs de NBA signaient dans des clubs français »
À noter que ce n’est pas la première fois qu’Aix-Marseille prend de pareils engagements. Le programme de l’AMU, baptisé « Safe Place for Science » a déjà financé plusieurs scientifiques contraints à l’exil et venus de l’Ukraine, du Yémen, d’Afghanistan ou de la Palestine. Sur place, les chercheurs locaux plaisantent un peu : « C’est un peu comme si des joueurs de NBA signaient dans des clubs français« . Denis Bertin, vice-président de l’Amidex, explique à Made In Marseille avoir déjà « reçu une soixantaine de candidatures de scientifiques américains. » Une première « grande chercheuse » américaine devrait signer « d’ici début mai« , à Aix Marseille, précise Denis Bertin. Et si son nom est encore inconnu, on nous donne une indice : elle travaille sur des sujets qui mêlent la santé des mères et l’infectiologie sur des terrains africains… Autant dire que ses travaux cochent pas mal de cases sur la liste des interdits trumpistes…
Ironie du sort…
Les États-Unis de Donald Trump risquent donc d’observer une fuite des cerveaux outre-Atlantique. Un comble, puisque l’excellence scientifique américaine est en partie due à la fuite des grands chercheurs européens pendant la Seconde Guerre mondiale… Parmi lesquels, un certain Albert Einstein !