A l’heure du numérique, on ne fréquente plus la musique comme avant
11H c’est le rendez-vous des mutations culturelles sur Nova, et ce matin nous parlions dématérialisation… Dans le livre « Musiques numériques : essai sur la vie nomade de la musique », le journaliste Joseph Goshn expose, sans passion « moderniste » mais avec pédagogie, les mutations vécues par le monde de la musique depuis l’apparition de l’Internet.
Vos disques prennent la poussière, votre iTunes sature
« Internet a modifié l’ADN de nos fréquentations musicales » annonce Joseph Goshn, alors voici un petit condensé de ces nouvelles pratiques culturelles.
On ne grave plus ! Acheter des CD nous a fatigués et coûte trop cher. Aujourd’hui, la musique est immatérielle, facile à échanger, à cause de la légèreté virtuelle des fichiers numérisés qu’on s’envoie d’un ordi à l’autre. « Au même titre que n’importe quel fichier informatique, la musique est rangée au fond d’un dossier, qui est lui-même bien calfeutré dans un disque dur. »
Vinyles et CD fonctionnent en référents dans notre déco. On ne les écoute plus, mais on les garde précieusement, en bons fétichistes, sur des étagères qui prennent la poussière. On les affiche. Mélomanes 2.0, on accumule, on collectionne ou on s’amuse avec. On alterne un consommation lente et physique, avant de repartir dans le numérique frénétique !
Mon ami, l’ipod. On se demandait encore à quoi il pouvait bien servir en 2000. Dix ans plus tard, il est notre troisième main…
Les actes fondateurs
Dans les années 2010, Radiohead, Björk ou Animal Collective ont innové en fusionnant leur musique avec les nouvelles formes numériques. En 2010 Radiohead va d’abord proposer son nouvel album « In Rainbows » en téléchargement avant d’éditer une version physique pour les bacs. En 2011 Björk crée son album « Biophilia » spécialement pour tablettes tactiles, lançant une expérience de musique augmentée. Quant à Animal Collective, ils utilisent des « boîte à samplers » de poche, en guise de percussions. Intégrant le numérique dans leur live.
Quand Les Beatles sont arrivés dans le numérique, c’est la culture du remix s’en empare ! Exemple avec le DJ british Ramjac qui a fait mumuse en compilant toutes les chansons des beatles (226 au total) pour en faire un mash-up géant de 8 min 22 où tous les morceaux se terminent en même temps.
Voilà une œuvre à partir d’une autre œuvre. Une « post-production » qui semble être l’essence de l’art actuel, comme le prédisait Nicolas Bourriaud, fondateur et ex-directeur du Palais de Tokyo.
Les nouveaux médias pullulent
Avant, il y avait Rock n’ Folk. Aujourd’hui, Internet nous offre des bloggeurs musicaux par millions et des sites hybrides devenus des références en matière d’actu : citons Pitchfork, Gonzai ou encore Brain Magazine.
Avec le streaming et Youtube (ou Viméo pour une qualité supérieure), toutes les nouveautés et les raretés sont disponibles immédiatement, pas de favoritisme de réseau.
En plus cette révolution numérique ne touchent pas que les « mondes riches ». Les touaregs achètent de la musique par kilos octet, chargée dans des téléphones portables, et se l’échangent par bluethooth.
On rassure les fétichistes
Pour les « extraterrestres qui continuent à fréquenter les magasins de disques, à dépenser de l’argent pour trouver ce qu’on trouve sur le net en quelques clics » comme dit Joseph Goshn, rappelons que la troisième édition du Disquaire Day aura lieu samedi 20 avril.
D’ailleurs le saviez-vous? L’année 2012 explose le record de vente de vinyles (attention, depuis 1993 hein), « Abbey Road » et « Bluderbuss » de Jack White en tête !