Jean-Louis Costes, héraut français de l’Art brutal, sort un nouveau livre
Jean Louis Costes est un artiste-musicien-performeur-globe-trotter-acteur qui a joué ses opéras trash sur tous les continents. Il a aussi produit de nombreux films, CD, livres et dessins autour de son credo : l’être humain est un monstre.
Dans son dernier livre Guerriers amoureux comme dans ses chansons ou spectacles, Costes fonce le pied au plancher, à tombeau ouvert. Ses héros volent, violent, tuent et se tuent à force de rage, d’avidité, d’inconscience et de frénésie.
Trois anti-héros de banlieue : Patou le petit Blanc dégénéré, Darlène l’Haïtienne allumée et Momo l’Arabe perturbé vont, après leurs histoires d’ados agressifs et transgressifs se retrouver au bout du monde.
Le blanc en Amérique du sud, pour traficoter ;
Le beur en Afrique pour faire la guerre ;
La noire aux Etats-Unis pour prier… dit la postface.
Malgré les références nombreuses à nos vies contemporaines : musique, stars, consommation, porno, communautarisme, drogue et violence, Costes n’a qu’un but, décrire des animaux humains qui tentent de survivre tout en profitant sauvagement du peu qu’ils trouvent, dans une ambiance de délire mondial.
Costes, un Céline punk, mais aussi un prophète de la décadence, qui a précédé Houellebecq dans ses dégoûts et dérives misanthropes. Honnête, il a tout vu ou vécu de ses livres. Manipulateur, il a tout exagéré à mort, poussant à fond les potards, comme dans sa musique. Hyperactif, il ne cesse de produire, lui qui semble ne croire en rien.
Dans sa palette de provocateur, Costes utilise sans cesse tous les liquides : de l’alcool au sang, sueur, urine, bave, sécrétions diverses. Ces fluides sont une constante dans sa palette d’artiste de la scène à la littérature. Cela opère une sélection sévère dans son public.
L’art officiel français ne le reconnaît pas. On prend ses injures à l’humanité pour du racisme, son humour pour de la folie, ses excès pour un manque de self-control. Anti-mondain, anti-social, sans concession, ignorant toute stratégie et s’exemptant de tout égard pour les journalistes et autres critiques, il avance à la machette depuis le milieu des années 80, en véritable paria de la jungle culturelle, au mépris des multitudes d’artistes fonctionnaires à dossiers et recommandations.
Mais ses livres sont vivants, bourrés d’actions (mauvaises), d’humour (au vitriol), et rédigés dans un style moderne ultra-rapide. Un style que vous goûterez si vous acceptez que des humains se comportent comme des bonobos (baise non stop), quand ce n’est pas comme des serial killers, le tout décrit au fish-eye, par un naïf, sans aucun respect pour rien.
Et pourtant, on se prend à rire en lisant ces aventures à la Tintin sous crack tendance gore, enrobées par la malice et les clins d’yeux de Costes, qui fonctionnent aussi.
A vous de voir si vous voulez sauter dans la fosse aux serpents virtuels.
Le venin peut aussi soigner le mal par le mal.
Jean-Louis Costes, Guerriers amoureux, éd. Eretic, 288 pages. 18 euros.
Sur eretic-art.com + site perso de l’écrivain : www.costes.org