Loin des clichés, le cinéma allemand récent regarde le monde tel qu’il est.
Soyons honnêtes : qui parmi nous peut citer, ou jurer avoir vu, un film allemand ses quinze dernières années, ou au mieux, disons Goodbye Lenin ? Qui peut nommer de jeunes acteurs ou réalisteurs d’outre-Rhin récemment apparus ?
Pas la peine de sortir des anti-sèches, il y a mieux pour potasser : se rendre au 18e festival du cinéma allemand. Mine de rien, cette manifestation comble le trou entre la production germanique et les spectateurs français, presque aussi imposant que ceux qui vinrent à bout du mur de Berlin, sa programmation, loin de l’image d’Epinal, n’a de cesse de faire tomber les clichés sur un cinéma auteurisant persistant depuis que les films de Wim Wenders sont passés de mode.
Il y a quelque chose qui tient d’une pédagogie nécéssaire dans ce festival : c’est là-bas qu’on a pu découvrir voici quelques années toute une nouvelle génération d’auteurs, issue de la désormais fameuse Ecole de Berlin (Christian Petzold, Angela Schanelec…), le festival y reviendra d’ailleurs avec un focus consacré à Thomas Arslan, un de ses membres, qui vient de signer… un western féministe, avec Gold.
Plus que jamais, cette édition se fera sous le signe de l’ouverture : un géorgien exilé à Berlin, Dito Tsintsadze, fait imploser une cellule familiale (Invasion) tandis que le français Denis Dercourt donnera sa vision de la RDA du début des années 80 (Zum geburstag) ou que deux soeurs jumelles vampires transylvaniennes essaieront de s’intégrer dans une école allemande (Die Vampirschwestern) pendant qu’ un gangster russe est partagé entre son milieu mafieux d’origine et une étudiante berlinoise (Nemez)
Et si plusieurs films, de celui d’ouverture (Die quellen des lebens, incroyable fresque couvrant trente ans de la RFA, et trois générations d’une même famille) à Ende des Schonzeit (des fermiers de la Foret Noire planquent un juif en 1942) font le bilan d’un passé qui pèse toujours aussi lourd, d’autres scrutent avec une belle acuité l’air du temps.
Dans Silvi, une quinquagénaire soudainement plaquée par son mari découvre les joies et le désanchantement des nouveaux modes de séduction et comportements sexuels alors que Little Thirteen fait l’état des lieux crus d’une adolescence allemande sans repères moraux. Sans oublier l’auto-documentaire Love alien, introspection d’un réalisateur qui ne sait plus quoi faire pour trouver son premier amour, à trente ans passés.
Le cinéma allemand comme témoin du bordel qui constitue, au dela de toute idée de nationalité, universellement l’être humain ? C’est la (belle) idée de cette édition.
Du 2 au 8 octobre
Au cinéma L’arlequin à Paris
http://www.festivalcineallemand.com