Nouveau brillant coup d’éclat de la japanimation : la pédagogie par le délire.
Journée portes ouvertes à l’école élementaire St Claire. Mako, Mi et Mu sont venues visiter l’établissement qui doit les accueilir à la rentrée suivante. Des gamines ordinaires, entre l’une qui a de l’énergie à revendre ou l’autre dont on distingue à peine le visage planqué sous de longs cheveux noirs et une frange. Les trois se rejoignant sur un point : ce sont des vraies petites chipies.
Elles vont évidemment s’entendre pour foutre la zone, notamment dans la classe de science, où elle vont relooker à coups de feutres un écorché anatomique. Manque de bol, une fois la nuit tombée, il prend vie et nom. Sir Louis Thomas Jerôme Kunstlijk n’apprécie pas vraiment d’avoir été redesigné en Picasso. Furax, il élabore un plan avec son pote Goth le squelette pour se venger des fillettes.
A ce stade After school midnighters pourrait être un épisode de série télé pour marmots, diffusé sur Gulli ou Canal + Chiards. Sauf qu’on vous a pas encore causé des lapins qui portent des noms de personnages du Parrain de Coppola, armés de flingues jusqu’aux dents, ni de la machine à voyager dans le temps…
Loin, très loin des standards Disney, After school midnighters impose ceux d’une japanimation 2.0, qui n’a pas peur de nouer les univers et les cultures entre elles, s’adresse aux enfants mais surtout à la logique de leur cerveau, pas encore entravée par une pensée rationnelle. Comme elle, After school midnighters va vite, fuse, passe du coq à l’âne sans aucun souci. Ici on peut zapper de la crétinerie loufoque à des touches plus sérieuses, ou n’avoir aucun problème avec, voire encourager, les vannes pipi-caca-prout (on recommande d’ailleurs celles sur un dessin d’éléphant ou un parapluie attrapeur de couilles).
Régressif ? Absolument quand ça propulse un univers gothique dans un univers coloré façon bonbons Haribo fluo. Mais pas seulement. Le côté WTF ? d’After school midnighters sert aussi de passerelle vers un vrai propos ou un sens dingue de la transversalité culturelle. D’un côté il se rattache à la tradition ancestrale des Yokaï, ces fantômes et monstres si ancrés dans le folklore japonais, qu’ils se sont fondus, font partie du paysage de l’inconscient collectif local; de l’autre il installe la pédagogie d’un cours de sciences humaines, en faisant passer des épreuves aux gamines.
After School Midnighters, c’est la rencontre entre Dora l’exploratrice et Un college fou fou fou! voire entre Les goonies et Dragonball.
Adaptation à l’époque oblige, on n’est pas loin non plus des codes narratifs des jeux vidéo (Une quête, une récompense, un boss à défoncer et ainsi de suite jusqu’au méchant final). Mais là aussi, avec l’intelligence de contourner leurs codes – Cf. l’apparence des boss, inspirés des classiques du cinéma d’horreur ou celle particulièrement inattendue de leur maître suprême, où la teneur des épreuves à franchir – composer une chanson potable, surprendre des oracles en leur racontant un fait du futur qu’elles ne connaissent pas déjà… –
Mine de rien, After School Midnighters parvient à réinvestir l’idée de conte moral en initiant les mômes à des valeurs de créativité ou d’intelligence. Bref, une autre forme, efficace parce qu’aussi poilante que pédago, d’éducation civique par la déconne. De quoi inciter à faire sécher les après-midi des nouveaux rythmes scolaires pour aller au cinoche.
En salles le 30 octobre