Découvrez l’anthologie géniale consacrée à Donny Hathaway.
Donny Hathaway a tout d’une légende : une carrière trop courte, une mort encore mystérieuse et objet de débats, une oeuvre compacte mais dont l’influence continue de résonner aujourd’hui. Et l’on comprend aisément qu’il fasse l’objet d’une anthologie.
Comme pour beaucoup de soulmen, il est difficile de comprendre le parcours artistique sans en référer à la la biographie. Et celle de Donny Hathaway est particulièrement éclairante.
Elle commence véritablement en 1964, quand le jeune homme, élevé dans la tradition gospel, intègre la prestigieuse université Howard pour peaufiner ses talents de pianiste. Il y reçoit une formation classique, qui aura une influence considérable pour sa carrière et pour ses goûts en matière d’arrangement. Mais il y rencontre surtout Roberta Flack, qui sera sa compagne, sa muse et son double.
Pourtant les bancs de l’école ne l’intéressent que moyennement, et il rejoint assez vite Chicago. Il est repéré, en 1967, par le label Twinight Records, devient producteur, arrangeur, ingénieur et secondairement pianiste pour des grandes pointures de la soul. Ses rencontres, avec The Staple Singers, Jerry Butler, Aretha Franklin ou Curtis Mayfield, le marqueront en tant que musicien.
Mais que serait Donny Hathaway si l’on omettait sa carrière de chanteur ? Ce n’est qu’en 1969 qu’il le devient, quand il signe sur le label Atlantic Records – qui brasse, à l’époque, les plus grosses pointures de la soul, du jazz et du r’n’b. Pour n’en citer que quelques unes : Ray Charles, Roberta Flack, Aretha Franklin, Erroll Garner, Ben E. King, Percy Sledge, Wilson Pickett, Thelonious Monk, Duke Ellington, Gil Evans, Dizzy Gillespie, Keith Jarrett, John Coltrane ou Charles Mingus s’y produisent.
A cette époque, Donny a 24 ans et tout pour lui. Il passera trois années au sein de ce label où il enchaîne les succès. Son premier album fait déjà de lui un grand. Everything is Everything contient en effet deux de ses plus grands titres : « The Ghetto » et « Everything is Everything ».
Pourtant, c’est son second album sorti en 1971, Donny Hathaway, qui lui offre la gloire commerciale. Il renoue avec Roberta Flack, enregistre des duos avec elle. Le couple est emblématique et Donny Hathaway multiplie les projets.
Mais si l’artiste est un homme accompli, l’individu ne l’est pas autant. Il s’enferme dans une forme de dépression. Rongé par ses angoisses, il peine à renouer avec le public, mais continue d’écrire. Extension of a Man, sorti en 1973, est marqué par cette profondeur er son titre « Someday We’ll All Be Free » incarne parfaitement cette mélancolie. Il a d’ailleurs été samplé par la non moins mélancolique Lauryn Hill dans son album The Miseducation of Lauryn Hill.
Cet album sera le dernier du soulman. A la fin des années 1979, il met fin à ses jours, dans des circonstances encore floues. Mais il laisse derrière lui une oeuvre qui excède largement ce que le public connaît et comprend.
C’est la raison pour laquelle sort aujourd’hui Never My Love : The Anthology. Retraçant cette jeunesse, ce succès fulgurant et ces périodes de vide, on retrouve en quatre disques l’oeuvre intégrale de notre artiste. Entre ses titres emblématiques, ceux plus confidentiels enregistrés avec Roberta Flack, des live et des versions inédites gardées jusqu’ici par son label, on découvre un portrait complet, en trois-dimensions de Donny Hathaway. D’autant plus éclairant qu’il est accompagné d’un livret qui retrace la vie de ce génie.
Un concentré de soul, dans ce qu’elle a de plus tragique et de plus profond. De quoi boire tout son saoul.
Never my love – The anthology – 4 CD de Donny Hathaway (Rhino/Warner).