Le clip « Happy » de Pharrell Williams fait des émules – analyse et revue.
Le clip Happy de Pharrell Williams a déclenché une vague d’adaptation et de réappropriation mondiale, et le raz de marée du bonheur dansé se décline et ce faisant en révèle bien plus sur les pays et les habitants qui se prêtent au jeu qu’on pourrait le penser.
Avant si je disais « Happy », on pensait selon ses références à Happy Days, oui toi le Fonzie à banane, ou tout simplement au bonheur. Désormais, on visualise instantanément des individus marcher dans les rues face caméra en dansant leur joie et claquant des mains sur le tube de Pharrell Williams
Le clip, mis au point par We Are From L.A, a fait forcément des émules et s’est décliné en We Are From Jamaica, Polska, Paris, Tunis, Johannesburg, Angers ou Cotonou – qui sont compilés sur le site WeAreHappyFrom.
Au premier abord, on est accablé par le sentiment d’uniformisation mondiale mais vite se dégagent des tendances, et les différences à l’intérieur du cadre répétitif de l’exercice favorisent l’analyse.
L’Exercice de style ne nous fait pas honneur, les grandes capitales européennes ne tirent pas leur épingle du jeu, Paris, Berlin, Amsterdam, Dublin, Barcelone mettent en scène leur joie, le collectif initial se transforme en individualités qui se vendent et se regardent, on est dans une apparence ou scénarisation qui nuisent à la spontanéité, on se croirait dans un clip de Plus Belle La Vie en mieux sapé, une pub Mac ou ipod qui croise un lip dub de parti politique. A l’opposé, Édimbourg, Buenos Aires, proposent un individu légèrement marginal prenant en charge seul le bonheur affiché de façon drôle tout en kilt pour l’écosse, gay-cuir pour Brighton, ou carrément flippante pour l’Argentine.
Consciemment ou non, il est difficile de ne pas envisager ces vidéos comme une sorte d’évaluation touristique, on y note l’humour, l’inventivité ou la sympathie qu’elles laissent deviner. Certains l’ont trop bien compris et nous voilà dans de la réclame nationale, ambiance agence de voyage, les Bermudes, la Barbade, par exemple, ne reculent devant rien : dauphins, vagues, bikini, soleil. Côté pub, on va jusqu’au bout à Johannesburg où un bistrot et ses employés représentent l’Afrique du sud.
Mais l’adaptation de Happy peut aussi se dégager du commercial pour tendre vers la création, artistique, chorégraphique, ou sociale comme à Albuquerque au Nouveau-Mexique où le réal fait danser des sans-abris. N’oublions pas la déclinaison la plus proche de l’original, simple expression de danse spontanée et joyeuse menée par un simili Williams en chapeau, comme Jamaica ou Cotonou que je vous conseille. Pour finir, et c’est bien naturel, les vidéos sont d’autant plus réussies lorsque la valeur ajoutée est subversive. Exemple avec ce dernier Happy venu d’Ukraine, de la place Maidan – pour retranscrire l’émotion de ceux qui ont renversé le pouvoir.
Ou à Tunis, mon favori !
Voilà comment cette nouvelle façon de voyager par le mème/ même se révèle finalement sans paradoxe !
Petite salutation à Angers, qui rattrape par sa bonne humeur les poses parisiennes !