Question con : Pour quelles raisons faut il sauver les disquaires indépendants ?
En voilà déjà une : Tout simplement pour préserver la bio diversité artistique.
Dans une grande enseigne, on vend les oeuvres de peu d’artistes différends et elles sont achetées par beaucoup de personnes. Chez un disquaire indépendant, c’est l’inverse : Beaucoup d’artistes différends achetés chacun par quelques personnes. Vous voyez où je veux en venir ? Non ? Ce n’est pas grave, prenez votre temps….
Et donc, je ne voudrais pas faire mon snob, hein, mais quand je vais chez mes disquaires préférés, c’est ça mon plaisir : Tomber sur des skeuds que je ne connais évidemment pas, pouvoir demander sans rougir à quelqu’un qui sait : « C’est quoi ce truc zarbito ? » et de bénéficier sur le champ d’un curriculum vitae bien fourni délivré par une personne dont les yeux viennent soudainement de se mettre à briller et qui te propose illico de pouvoir y jeter une oreille. Bonheur.
Bon, il y a d’autres raisons, mais on en parlera la prochaine fois… Vous l’avez compris, ce qu’on aime chez les disquaires indépendants, c’est que ce sont des passionnés plus motivés par l’amour de la musique que de celui du fric.
Aujourd’hui, je vous emmène chez un gars que j’adore et qui ne m’en veut pas alors qu’on a passé plus d’heures à parler de musique que je ne lui ai acheté de disques. Et son nom est….
AH ! Putain ! Excusez Moi ! J’apprends à l’instant que Donald Trump à perdu ! (Nous sommes samedi 7/11 à 17h30), je vous retrouve dans un instant le temps de faire péter une bonne binouze pour fêter çà !
Oui, donc… bienvenue chez LIONEL de TRANSAT à Poitiers !!!
Transat, c’était, la première fois où j’y suis allé, un double cagibi, à droite, à coté du catering, dans la cour du Confort Moderne. A cinq à l’intérieur, on se marchait dessus, à part ce type, flegmatique et manifestement flottant dans un espace temps différend, de l’autre coté du comptoir. Aux murs et dans les bacs, un condensé de la contre culture musicale des 80 dernières années, du plus punk des gloires locales aux plus tordus des projets jazz à rendre jaloux Sun Ra lui même, sans oublier, en vinyle ou CD, neuf ou d’occasion, une belle sélection parmi les albums qui ont marqué l’histoire de la vraie musique depuis 1930.
Pour en savoir plus, il a fallu que j’aille jusqu’au comptoir lui demander s’il voyait parfois passer le premier vinyle de Kid Pharaon. Car, il faut le savoir, Lionel, ne va jamais voir ses « clients ». Vous pouvez y passer la journée à fureter, il vous foutra une paix royale, mais si vous lui posez une question, c’est parti mon kiki, en voiture Simone, il ne lâchera pas l’affaire jusqu’à ce qu’il vous ai trouvé la référence, y compris au marché noir de Kuala Lumpur.
Pour comprendre tout l’intérêt de la sélection présente dans les bacs de Transat (comme on dit : « ya pas tout, mais y qu’du bon) ; revenons un instant sur le parcours du toujours jeune Lionel B.
Jetons un voile pudique sur son enfance, ballottée de mutations parentales en mutations hormonales pour le retrouver dans son premier boulot : Bibliothécaire dans un C.R.E.P.S. ( centre de formation de sportifs) où il ne branle rien de la journée, à part bien sur, dévorer tous les livres présents.
Il y apprend néanmoins les subtilités du référencement ce qui, ajouté au fait qu’il est par ailleurs musicien au sein de Liquid Team (formation culte néo aquitaine des années 90 ), constitue un profil atypique qui tape dans l’oeil de Didier Bourguoin, créateur de la fameuse Fanzinothèque de Poitiers qui le charge de l’édification de la base de données permettant de s’y retrouver au milieu des milliers de fanzines musicaux présents dans le gourbi. Autant vous dire qu’au bout de quelques mois, Lionel (toujours jeune) commence à en connaitre un sacré rayon en matière d’underground musical…
C’est là que l’occasion fait le larron : Il y a déjà un magasin de disques, « La Nuit Noire« , dans l’enceinte du Confort depuis 1987, tenu, sur la fin, par une association à la tendance plutôt métal, qui ne l’ouvre que le week end. Ça vivote, ils se lassent et cherchent un repreneur… A cette nouvelle, le sang de Lionel ne fait qu’un tour et il se porte volontaire avec toute l’inconscience de la jeunesse au tournant de l’an 2000… Et le baptise Transat, car qui veut rester jeune, ménage sa monture.
Et depuis 20 ans, Transat tient la route. La boutique a traversé la cour et se trouve maintenant à l’intérieur même de la salle de concert, dans le hall d’entrée, face au bar. Une situation au coeur de l’action qui, de tout temps, a permis à Lionel d’être au plus près du public et de bénéficier du bouche à oreille des acteurs locaux, mais aussi des artistes perchés venus des quatre coins du monde qui se produisent au Confort, tout comme de tirer les vers du nez à Lau Phi, le programmateur fou du lieu, grand spécialiste du coup d’avance ou encore des visionnaires pointus de Jazz à Poitiers. Autant vous dire que si quelqu’un est au courant de l’obscur et de l’exigeant, c’est lui…
Pour autant, le garçon a su rester simple affable et accessible. (et je suis à peu près sur qu’il à même un ou deux collectors de Johnny planqués dans la cave au cas où ça pourrait faire bonheur). Faire bonheur, c’est un peu ça son credo, lui qui préfèrera vous prévenir que s’il peut vous trouver l’album de vos rêves, il vous coutera un bras au lieu de vous mettre devant le fait accompli..
Pour l’heure, le click’n’collect n’est pas encore mis en oeuvre car la boutique étant au sein du Confort Moderne et celui çi ne pouvant plus recevoir de public, on ne peut donc s’y rendre, même brièvement. La demande de dérogation est en cours (on vous tient au jus) mais rien ne vous empêche de le contacter pour vos demandes les plus incongrues. Il se fera une joie de vous poster votre galette dès qu’il aura mis la main dessus.
Par mail : loutransat@free.fr ou téléphone : 06 60 70 44 97.
sur FB : https://www.facebook.com/transat
Et voici les cinq coups de coeur du mois de Transat :
– (Éloignez Mémé du poste !) –
« Pour commencer, les ricains de Special Interest, le cauchemar de la New Orleans. j’ai les deux albums en stock. C’est de la disco de freaks au marteau piqueur bien cheloue très trash, très crade avec un coté défonce, LGBT, bi-sexualité tordue carrément charmant.
Rien à voir, pour cette réédition de 2016 de Vivien Goldman, une artiste des années 80 ( produite à l’époque, tout à la fois par cet enculé de John Lydon qui soutien Trump et Robert Wyatt… Assez étonnant, non ? ) Réédition parue sur le label allemand Staubgold qui exhume quelques morceaux en compagnies des Flying Lizards et de Chantage ainsi qu’une version dub, bien zarbe, de son unique tube « Launderette« .
Ah, évidemment un Yo La Tengo, un morceau joyeux parce qu’on en a bien besoin en ce moment. Je m’arrange pour en avoir toujours quelques uns en stock par ce que d’abord, c’est un merveilleux groupe et puis pour raisons personnelles parce qu’on avait ouvert pour eux, à l’époque où ils n’étaient pas encore si connus que ça, avec mon groupe Liquid Team et qu’Ira Kaplan nous avait dit qu’on était la meilleure première partie qu’ils avaient eu sur la tournée… On n’a pas touché terre pendant un sacré bout de temps…
Allez, en suivant, une nouveauté hollandaise : Lewsberg. On les classe dans le post punk mais moi je ne trouve pas ça si post punk que ça. Ça m’évoque plutôt une ènième ressucée, au bon sens du terme, du Velvet Underground avec un petit coté The Fall, aussi. Ça peut être très répétitif, très lancinant, mais pas chiant. Il y a un coté équilibriste à faire ce genre de chose, ça peut être vite casse gueule. C’est leur deuxième album et je trouve qu’ils s’en sortent très bien. Je l’ai commandé pour Transat, même si personne ne me l’a encore demandé et aussi pour moi, à écouter à la maison. Et ce qui me fait sourire c’est que Lau Phi, le programmateur est passé l’autre jour quand ça jouait dans le shop et m’a dit qu’ils les avait vu en concert, que ça déchirait et qu’il comptait bien les faire venir à Poitiers dès que ça serait possible…
Et pour finir, Zoviet France, un groupe anglais comme son nom ne l’indique pas, de musique climatique et industrielle, contemporain des Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire et tout ça. Ça vient d’être réédité et c’est par le biais de Franck Laplaine de Cortical Art à Bordeaux, que j’ai redécouvert ça et ça fait du bien, car pour le coup, on sort vraiment des sentiers battus ».
Il est à présent l’heure de quitter Lionel, les enfants car il a quelques disques à poster et puis aujourd’hui, c’est lui le concierge du Confort et c’est du boulot. Le lieu est certes fermé au public mais les résidences continuent et mine de rien, ça bosse dans les soutes en attendant la ré ouverture qu’on espère avant qu’il nous tombe un oeil.
Pour rappel aux Oreilles Hardies, revoici les coordonnées de Lionel de Transat :
Par mail : loutransat@free.fr ou téléphone : 06 60 70 44 97.
FB : https://www.facebook.com/transat
Et en filant sur le facebook « Nova Aime », vous avez une chance de toper le cadeau de Transat : Une réédition vinyle (scellée) du « Love Supreme » de John Coltrane.
Élégant et indémodable.