« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ». Le beau mot de Mark Twain trouve un écho exact dans l’aventure de La Cavale. Le pari un peu fou de créer, dans le quartier des Beaux-Arts à Montpellier, une nouvelle librairie généraliste, indépendante et coopérative où tout est discuté, mis en commun et décidé de façon collective.
Il était une fois…Un jour, le propriétaire de l’unique libraire du quartier, l’Ivraie, décida de partir en Bretagne. Ne trouvant pas d’accord avec un repreneur, il du se résoudre à fermer ses portes. C’est ainsi que des lecteurs passionnés se mobilisèrent pour en créer une…
En quelques semaines, cette boutique fut remplie de six mille livres grâce à la participation des nombreux coopérateur-rire-s et de deux libraires professionnel·le·s (salarié-e-s et coopérateur-rice-s), Marion Floris et Julien Haution. La Cavale venait à peine d’ouvrir, que déjà les premiers lecteurs s’y précipitaient et depuis l’ouverture en 2018 la belle aventure humaine, sous le signe de l’économie sociale et solidaire continue grâce à « un tiers de fonds propres, un tiers d’emprunt et un tiers de subventions », détaille Sylvain Bertschy. Et si cela vous chante, vous pouvez devenir coopérateur pour 20 euros. C’est le prix d’une part sociale mais surtout le prix d’une culture indépendante de qualité et de proximité.
Une des rares librairies coopératives de France: En juillet 2019, La Cavale a remporté le « prix de la création », organisé nationalement par le syndicat des libraires de France et le journal professionnel Livres Hebdo. Le jury, présidé par l’ancienne ministre de la Culture Aurélie Filippetti, a salué l’engagement des habitants d’un quartier « pour sauvegarder la présence du livre sur leur territoire », le « grand professionnalisme » avec lequel le projet a été mené, ainsi que les « valeurs de solidarité et d’inclusion » incarnées dans le fonctionnement même de la librairie.
Entièrement rénovée et accessible aux personnes à mobilité réduite, La Cavale œuvre à rendre le livre et la lecture accessibles au plus grand nombre et à faire de la librairie un lieu culturel ouvert à tous les publics. Ainsi elle multiplie les rencontres avec des auteur·e·s, des lectrices et des lecteurs, enfants et adultes.
« Ici, les libraires vous conseillent et le prix du livre est le même que sur internet ou que dans les supermarchés. » La Cavale, propose désormais un choix de 13 000 ouvrages, avec une attention particulière accordée aux domaines des sciences humaines et sociales, de la littérature, des œuvres destinées à la jeunesse et de la BD. Une partie de l’activité commerciale est également consacrée à la mise en avant d’articles de papeterie et de jeux éducatifs. Le tout sur 100 m2. Elle participe aussi à de nombreuses manifestations hors les murs de la librairie. Lieu de rencontres, d’échanges et d’activités sociales à destination de tous les publics, La Cavale est devenue un véritable « poumon culturel » dans la ville.
« Si tu ne viens pas à La Cavale, La Cavalcade ira à toi! »: Toujours à cavaler sur les chemins de l’émancipation, elle a acquis au terme d’une campagne de financement participatif, un fier destrier : La Cavalcade ! Un vélo-cargo capable de se muer en véritable librairie ambulante, qui peut embarquer plus d’une centaine d’ouvrages.
La Cavale rouvre son SLIP ! Un service de livres à la porte, en toute sécurité, dans le respect des contraintes sanitaires, du mardi au samedi de 10h à 19h. Les commandes peuvent être passées par téléphone (04 67 45 26 85), par courriel ( librairielacavale@gmail.com), en ligne, via le site Internet https://librairielacavale.coop ou sur place en vous présentant à la porte. Si vous ne pouvez vous déplacer le SLIP viendra à vous gratuitement, la zone de livraison correspondant à la commune de Montpellier et éventuellement à des communes limitrophes soit par le biais d’une coopérative amie, Les Coursiers montpelliérains (service payant), si vous êtes très pressé·e — ou trop loin !
Librairie La Cavale – 24, rue de la Cavalerie – 34090 Montpellier.
Cette semaine, la Cavale est mise à l’honneur, sur le web et sur nos ondes. En route pour sa sélection et NOVA vous offre un pack à gagner. Direction la page Nova Aime pour y digger le mot de passe!
Sélection La Cavale:
– Stephen Markley, Ohio, Trad. Charles Recoursé, Éd. Albin Michel, 2020. Grand Prix de Littérature américaine 2020. Par un fébrile soir d’été, quatre anciens camarades de lycée désormais trentenaires se trouvent par hasard réunis à New Canaan, la petite ville de l’Ohio où ils ont grandi…Tous incarnent cette jeunesse meurtrie et désabusée qui, depuis le drame du 11-Septembre, n’a connu que la guerre, la récession, la montée du populisme et l’échec du rêve américain. Chacun d’entre eux est déterminé à atteindre le but qu’il s’est fixé…
Stephen Markley est un écrivain américain. Diplômé de l’Iowa Writers’ Workshop, il est auteur de « Publish This Book » (2010). Avec son premier roman, « Ohio » (2018), il s’impose comme un formidable cartographe de l’Amérique contemporaine et de ses fractures. Ce roman est en cours d’adaptation télévisée aux États-Unis.
– Lynd Ward, L’éclaireur, Coffret 3 livres, Trad. Jean-Charles Khalifa, Éd. Toussaint Louverture, 2020. En seulement six livres, Lynd Ward [1905-1985] s’est imposé comme l’un des précurseurs du roman graphique. Ses histoires, de l’artiste qui vend son âme, aux amants pris dans les tourments de leur temps, en passant par l’homme maudit de ses péchés ou l’ouvrier rebelle à la psyché précaire, ont su capturer un monde plein de contradictions dans des images d’une époustouflante modernité. Sur les pas de Frans Masereel et d’Otto Nückel, ces récits en gravures sur bois, ou romans sans paroles, dessinent les contours d’une œuvre riche et exaltée. Par cette anthologie, nous donnons à voir comment Lynd Ward, innovateur acharné, s’est créé un moyen d’expression rarement égalé en termes de puissance narrative, de construction de personnages, d’imaginaire et de techniques, où le lecteur écrit l’histoire autant qu’il la lit. « Les œuvres de Lynd Ward sont celles d’un précurseur qui demeure sans doute le plus fascinant conteur visuel du vingtième siècle. » Will Eisner.
– Anselme Jappe, Béton, Arme de construction massive du capitalisme, Éd. L’échappée, 2020.
Philosophe et essayiste franco-allemand. Anselm Jappe, né le 3 mai 1962 à Bonn (Allemagne), enseigne la philosophie en Italie. Il est un théoricien de la « nouvelle critique de la valeur » et spécialiste de la pensée de Guy Debord.…
Le béton incarne la logique capitaliste. Il est le côté concret de l’abstraction marchande. Comme elle, il annule toutes les différences et est à peu près toujours le même. Produit de manière industrielle et en quantité astronomique, avec des conséquences écologiques et sanitaires désastreuses, il a étendu son emprise au monde entier en assassinant les architectures traditionnelles et en homogénéisant par sa présence tous les lieux. Monotonie du matériau, monotonie des constructions que l’on bâtit en série selon quelques modèles de base, à la durée de vie fortement limitée, conformément au règne de l’obsolescence programmée. En transformant définitivement le bâtiment en marchandise, ce matériau contribue à créer un monde où nous ne nous retrouvons plus nous-mêmes. Raison pour laquelle il fallait en retracer l’histoire ; rappeler les desseins de ses nombreux zélateurs – de toutes tendances idéologiques – et les réserves de ses quelques détracteurs ; dénoncer les catastrophes qu’il engendre sur bien des plans ; révéler le rôle qu’il a joué dans la perte des savoir-faire et dans le déclin de l’artisanat ; enfin démontrer comment ce matériau s’inscrit dans la logique de la valeur et du travail abstrait. Cette critique implacable du béton, illustrée par de nombreux exemples, est aussi – et peut-être avant tout – celle de l’architecture moderne et de l’urbanisme contemporain.
– François Médéline, L’ange rouge, Éd. La manufacture des livres, 2020. À la nuit tombée, un radeau entre dans Lyon porté par les eaux noires de la Saône. Sur l’embarcation, des torches enflammées, une croix de bois, un corps mutilé et orné d’un délicat dessin d’orchidée. Le crucifié de la Sâone, macabre et fantasmatique mise en scène, devient le défi du commandant Alain Dubak et de son équipe de la police criminelle. Six enquêteurs face à l’affaire la plus spectaculaire qu’ait connu la ville, soumis à l’excitation des médias, acculés par leur hiérarchie à trouver des réponses. Vite. S’engage alors une course contre la montre pour stopper un tueur qui les contraindra à aller à l’encontre de toutes les règles et de leurs convictions les plus profondes… » Porté par la plume brillante et explosive de François Médéline (romancier et scénariste français.…), L’Ange rouge invite son lecteur à une plongée hallucinée parmi les ombres de la ville et les âmes blessées qui s’y débattent.«
– Pierre-Henry Gomont, La fuite du cerveau, Éd. Dargaud, 2020. Le 18 avril 1955, Albert Einstein passe de vie à trépas. Pour la science, c’est une perte terrible. Pour Thomas Stolz, médecin chargé de l’autopsie, c’est une chance inouïe. Il subtilise le cerveau du savant afin de l’étudier. S’il perce ses mystères, il connaîtra la gloire… Le problème, c’est que le corps d’Einstein le suit ! Privé de cerveau, Albert continue à bouger, à marcher, à parler. La perspective de comprendre le fonctionnement de ses neurones l’excite au plus haut point. « Formidable ! On va faire ça ensemble, tous les deux ! », dit-il à Stolz. Reste à trouver un laboratoire à l’abri des regards. Ce qui n’a rien d’évident quand on a le FBI aux trousses… « Après le succès de Pereira Prétend et de Malaterre, Pierre-Henry Gomont, auteur de bandes dessinées français, change de registre. Il nous entraîne dans un road movie échevelé et drolatique, inspiré par la véritable destinée du cerveau d’Einstein. Menée tambour battant, cette histoire rocambolesque et burlesque, servie par un dessin épris de liberté, est aussi une réflexion passionnante sur la complexité de l’âme humaine. »
Pour rassasier vos envies de lecture, La Cavale vous offre un exemplaire de:
– John Wain, Et frappe le père à mort, Ed. du Typhon, 2019 . « Lauréat du Prix Mémorable du réseau des librairies Initiales. » Après une énième dispute avec son père – un universitaire à la vie austère, Jeremy fugue et arpente un Londres ravagé par les bombardements nazis. Seul et fauché, révolté contre un monde qu’il juge étriqué, il survit grâce à sa passion pour la musique. Vissé à son piano dans un bar enfumé, Jeremy réchauffe les nuits glacées des êtres brisés tout en rêvant de devenir un grand pianiste. Un soir, il fait la rencontre de Percy, un jazzman noir américain. Une rencontre qui bouleverse son existence… mais cette existence sera-t-elle comprise par père pétri de certitudes ?
Mené sur un rythme trépidant qui épouse la sensualité du jazz, ce roman interroge les tensions générationnelles avec un regard perçant et serein. Si chaque génération semble toujours perdue aux yeux de la précédente, une trêve est possible quand les pères et les fils reconnaissent qu’ils portent en eux un peu de la souffrance de l’autre.
John Wain (1925-1994) est né à Stoke-on-Trent dans le nord de l’Angleterre. Considéré comme l’un des écrivains anglais les plus importants du milieu du XXe siècle, il a écrit de nombreux romans, des nouvelles et de la poésie.
Associée au mouvement littéraire des « Jeunes hommes en colère », son œuvre est aujourd’hui régulièrement rééditée en Angleterre et aux États-Unis.
Bonne lecture solidaire!!!