Ces deux musiciennes du Maine-et-Loire, « sourcières » d’un maloya irrigué de folk-jazz-blues, nous éclaboussent d’un poème sur la patience, inspiré de Paul Valéry, pour « nous aventurer à l’intérieur ».
« Gorgones à tresses rouillées dévalant la falaise, défricheuses de rêves, déchiffreuses sans trêve, les tentacules mêlés, à demi sœurs siamoises. » Qui sont ces créatures, ces « sorcières sourcilleuses à dentelles sonores », ces « Amazones qui sortent de leur souricière » de Rochefort-sur-Loire (2355 habitants, près d’Angers) pour chanter à la lune L’Hymne des louves, album paru fin novembre sur le label No Mad ? C’est Titi Zaro, ti male. Soit, depuis 2006, le sororal tandem formé par Oriane lacaille (chant, ukulélé, percussions, flûte pygmée) et Coline Linder (chant, ukulélé, violon, scie musicale), qui s’entourent pour l’occas’ de Vincent Segal, Alexis HK ou Lo’Jo, venus « gratter, frapper, souffler ».
L’album, qui navigue du créole au français, est une source de maloya parfumé de folk-jazz-blues, dont le fruit Gawé reçut les faveurs de nos programmateurs. En mai dernier, séparées par le confinement, Oriane et Coline composaient à distance le joli Patience, inspiré du poème Palme de Paul Valéry (1920) : « Ces jours qui te semblent vides / et perdus pour l’univers / ont des racines avides / qui travaillent les déserts (…) Patience, patience, patience dans l’azur ! Chaque atome de silence / est la chance d’un fruit mûr ! »
Face à cette « faille temporelle » qu’aura été l’année 2020, Titi Zaro nous encourage alors à « retrouver ce vieux chemin à la lenteur joyeuse » dévêtus « de nos habitudes de sprinteurs », à nous « dénuder devant nos peurs » et à « s’aventurer à l’intérieur », pour « requestionner nos liens, nos essentiels indicibles, nos révoltes politiques, nos engagements face aux vivants ».
Pour voir le très beau clip de Gorgones ainsi que les louves en live, c’est ici : https://titizaro.wordpress.com/accueil/
Image : Effacer l’historique, de Gustave Kervern et Benoît Delépine (2020).