Quand les Glameux font leur cinéma.
Etrange film que celui de TODD HAYNES qui en 1998, tente de retracer très librement le mouvement GLAMOUR ROCK, qui a vécu entre 1969 et 1974 environ, également appelé GLITTER Rock ou, pour les intellos, le mouvement DECADENT.
Avec l’accord des membres de ROXY et de Brian Eno, et un accord de principe d’IGGY POP, la production du film démarrait bien… jusqu’à ce que DAVID BOWIE refuse toute utilisation de sa vie ou de ses musiques.
Le Thin White Duke, alias Ziggy Stardust (ou Aladdin Sane ?) ne rigolait pas avec les droits d’auteur et le film dut changer de direction. Il devint une évocation nostalgique et fantasmée d’une période déjà compliquée.
Mais ce long métrage reste un moment méritant du cinéma à risque avec une esthétique générale réussie, car bien copiée de cette époque folle où des Platform boots en lézard sortaient de panta-courts (!) pailletés, accompagnées de jaquettes patchwork en satinette à épaules en pointe et cols « pelle à tarte » (ou cols laborieux), et manches « pagode » ! …
Toutes les excentricités unisex de la POP se donnèrent rendez vous après 68 : plumes, make up, capeline, strass et paillettes, en un maelstrom de couleurs et matières allant des Ziegfield follies des années 20 jusqu’aux modernismes flashy de la science fiction.
Ce fut une mode ravageuse et mondiale : des centaines de couturiers et de groupes pop se déguisèrent en mousquetaire de l’Héroic Fantasy, en Captain Flame mixé de Paco Rabanne, le chainon manquant entre Beautiful People et DISCO.
De Slade à Marc Bolan, de Roxy Music à David Bowie et jusqu’aux New York Dolls et même après, cette folie GLAM allait influencer durablement le monde du Rock, et – aussi paradoxal que cela puisse paraître – accoucher de l’enfant bâtard PUNK.
Quand au film, il louvoie entre reconstitutions – avec de beaux moments planants comme des clips Glam qui n’ont pas vraiment existé à l’époque à part quelques rares live tournés – et des imitations des chansons à la Bowie, puisqu’il a refusé les droits .
Les trois acteurs : Ewan Mac Gregor, Jonathan Rhys-Meyers et Christian Bale s’en sortent, mais c’est Toni Colette, qui interprète une copie de la sulfureuse Angie Bowie, épouse et coach, mais surtout grande prêtresse mode, brevetée décadente et diplômée dope qui est la plus crédible .
Quand à Eddie Izzard, il interprète une émanation de Tony Defries, manager et boss de Mainman, la prod de Bowie, œil du cyclone des exagérations et provocations à destination des médias.
Sa devise « Pour être une star, il faut commencer par vivre comme une star », permet de camper un tonitruant business-homo-badtaste nouveau riche-glitter, façon « camp » (voir « esprit camp » sur ce site).
Le film s’alourdit d’une enquête bourrée de flash back, qui tourbillonnent entre le vrai et le faux, où l’on ne sait plus qui est qui et qui joue quoi (même Brian Molko de Placebo fait un show case), mais qu’importe la vérité, pourvu qu’on ait l’ivresse du Glamour Rock…
Michael Stipe de REM est venu conseiller et coproduire cet ovni, qui reste un objet esthétique : esprit 70 doublé d’un effet « Queer » 90 !
Reste que Michael Jackson, Prince, Boy George, Freddy Mercury et tant d’autres, même dix ans après, ont pu dire merci à ce courant si extrême et mal aimé que fut le Rock Décadent. Ce film a le mérite de la témérité à s’être lancé dans une pareille aventure, jonchée de strass et de barbelés.
_ Velvet Goldmine – film britannique de Todd Haynes . 1998. DVD Couleur . 125 mn .