Scorsese Bio, avec 0% de mafia.
The King of comedy, sorti en 83 est le film le plus atypique de Scorsese. Ni flingue, ni mafieux, mais premier « coup » de casting : Jerry Lewis, LE comique américain des années 50-60, oublié, has been et .. excellent !
Lewis joue un Jean Pierre Foucault américain, gros naze cynique, animateur de télé à succès. Et deuxième « coup » : De Niro à contre emploi, en minable gommeux, un « wannabe » qui veut devenir lui aussi présentateur, catégorie… ? Allumez une télé et choisissez le plus nul !
Entre ces deux monstres va se jouer une partie de poker mental.
Lewis est Jerry Langford, vieux renard pas si con qu’il en a l’air, avec son show à la gomme, et De Niro joue l’arriviste Rupert Pupkin, pas si beauf que ça, et surtout les deux monstres sont RETORS.
La ruse avec laquelle Scorsese passe du mépris total de Lewis pour cet incrusteur à moustache, brushing et veste à carreaux, pour nous faire douter, et la jubilation de De Niro à se rouler dans la fange mielleuse du lèche-cul auto-satisfait, sont impressionnantes .
On s’enfonce dans cette ambiance de studios télé, restos pour célébrités d’occase, frime pathétique et coups bas, car il n’y a que des requins plus ou moins rapides et efficaces dans cet univers glauque dont nous avons tous le spectacle écœurant dans les magazines people .
Au final un grand Scorsese. Echec financier mais succès critique, King of comedy est un thriller à l’envers, car il y a bien séquestration, menaces et danger réel, mais au final, et c’est la claque du sujet , ça marche, car dans le show-business tout passe, tout se négocie.
Même le vitriol de ce film n’a pas entamé le vernis des combines des networks et des manipulations du public aux US : le titre avait prévenu, « Roi de la comédie », du mensonge et des faux-semblants.
Cerise sur le gâteau: Sandra Bernhard, chanteuse, comédienne et personnalité qui joue la complice exaltée de De Niro, et une apparition du groupe CLASH, comme un contrepoint au coin d’une rue. Il y a une fable morale chez Scorsese : l’envie de montrer les ratés de la télé qui aiment tant l’argent et les petits privilèges, jusqu’à l’absurde et comment leur délire les oblige à céder de la place à leurs pires ennemis .
Mais il y a aussi dans ce film, le délire américain du show, de la célébrité , des dérives que cela occasionne, comme des vagues de folies incontrôlées, et des schizos qui s’inventent des vies, des personnages, des amis… Lennon venait d’être abattu, De Niro avait été harcelé aussi et le film précédent: « Raging Bull » montrait déjà un champion célèbre devenir une marionnette de cabaret, après être parti en vrille.
Ressortie en DVD. Distribution Carlotta .