Faux artiste, sous-doué, paresseux, il a fini couronné pour son culot.
(Attention : Ceci est un article totalement IRRESPECTUEUX)
Celui qui s’est fait connaître dans le monde avec un urinoir (une pissotière murale en céramique blanche), un porte-bouteille ou une roue de vélo.. présentés comme œuvres d’Art, vers 1915, c’est lui .
Avant, il avait peint une toile plutôt futuriste que cubiste : « Nu descendant un escalier » (1913) , un mouvement décomposé en jaune et ocre sur fond brun, qui choqua, on se demande pourquoi ?
La spécialité de Duchamp, c’est d’avoir l’air de ne pas y toucher.
Peindre? Quelle horreur ! Les mouvements cubistes, futuristes, quel ennui ! Etc… Pourtant il n’a cessé de tourner autour, des galeries, des artistes, amateurs, collectionneurs, et surtout des revues d’Art.
Son malheur : ses deux frères, l’un peintre cubiste (Jacques Villon) et l’autre sculpteur neo-Futuriste ( Duchamp – Villon) étaient plus doués PLASTIQUEMENT que lui , et cerise sur le gâteau, il va rencontrer PICABIA, qui va en fait, être son maitre en Art : surdoué, inimitable, multipliant les toiles et les idées révolutionnaires.
J’ai bien dit « plastiquement » car Marcel Duchamp est malin, réfléchi, un vrai renard pour les idées, un trafiquant d’influences…Ne faisant pas le poids devant les « fusées » de l’époque : Matisse, Braque, Picabia, Dali
et bien d’autres, alors il effleure les sujets de l’Art Moderne.
Dans les mouvances naissantes des Dadaïstes, Surréalistes et autres Futuristes, Il tente – un peu par hasard – le coup des OBJETS QUOTIDIENS à exposer (la pissotière et autres bricoles…) et bien que cela ne donne RIEN à l’époque (les pièces seront jetées et devront être refaites!) sa LEGENDE va naitre petit à petit..
Avec malice et complaisance, il se laissera faire et ne cessera de hanter les milieux bohêmes, les intellectuels et critiques qui vont s’emparer de son cas de « GLANDEUR » professionnel, habitué des salons littéraires.
Il va encore faire bien des manières, avec une reproduction de La Joconde graffité de moustaches et sous titrée L.H.O.O.Q (elle a chaud au cul ! blague potache..) toujours « drivé » par son mentor Picabia.
Puis il clame ABANDONNER l’Art définitivement, se lance dans les échecs (comme si c’était bien plus intéressant que l’Art !), se fait prendre en photo en femme (son double féminin : Rrose Sélavy…) ou avec une étoile rasée sur la tête, il fabrique deux peintures sur verre
INCOMPREHENSIBLES, ou comme Picabia, il tente des « anti peintures » faussement techniques, faites avec règles et compas, genre plan d’ingénieur… (mais dans les années 20, ça ne donne presque rien).
Ceci au petit bonheur, alors que de grands mouvements picturaux secouent l’esthétique du monde ( Expressionisme allemand, Suprématisme et constructivisme russe, Futurisme italien, Fauvisme et Cubisme français, Dadaïsme et Surréalisme internationaux…)
Mais Duchamp, obstiné et rusé, reste sur ses positions d’indifférence, de mépris (.. « les artistes se répètent toute leur vie, le tableau sur toile est dépassé.. »), et entretiens ses FAUX SECRETS , car beaucoup des petits objets qu’il continue de produire son des NON SENS, anti esthétiques bien sur, anti-bourgeois, mais très INTRIGANTS, et surtout lui confère une AURA de grand intellectuel abscon.
Mais voilà : l’histoire l’honore, la légende en fait un cas unique et la naïveté des faux intellectuels le consacre GENIE, inventeur du READY MADE, du POP ART, de l’ART CONCEPTUEL… bref, il devient la pierre angulaire des arts dits contemporains, même ceux à venir…
La mystification va devenir totale, le ver est dans le fruit et ce SNOB un peu jaloux va PERVERTIR l’Art pour longtemps. Tous les SOUS DOUES s’engouffrent dans la brèche : on peut choisir un fer à repasser ou des boites de conserves et être artiste !!! Une aubaine démocratique …
Et les mini critiques de se lancer dans des théories sur Marcel Duchamp, le plus moderne, irrespectueux, culotté, génial de tous les artistes , puisqu’il NE FAIT RIEN ou BRICOLE des TRUCS Impossibles à déchiffrer ( des boites avec des choses dans des cases, des fils à coudre sous verre…Car en réalité il CONTINUE de ramer dans l’Art !)
Car Marcel, le snob, le prétentieux qui se fait appeler « INGENIEUR DU TEMPS PERDU », n’a en rien détruit l’Art… qui est plus recherché que jamais, il lui a simplement élargi les frontières jusqu’à l’ABSURDE, il a boosté les ICONES minimalistes de la création moderne.
Résultat, les stars ( Cubistes, Abstraits) vendent comme jamais, et lui ne gagne presque rien. Il est dépanné par son mécène américain Arensberg (qui lui achète tout à bas prix) et pensionné par son père, notaire !!!
Bref, il y a une justice, mais sa force de caractère lui a fait accepter cette vie désargentée …( il sera professeur, bibliothécaire et même marchand d’art : intermédiaire !) Devenu une sorte de clergyman sec et un peu hautain, sa pauvreté et sa fierté lui ont donné une épaisseur, une sorte de CLASSE DETACHEE et NIHILISTE.
Le livre qui sort chez l’excellent éditeur ALLIA, confirme par le menu tout ce que je viens de dire. (il n’a plus rien à perdre, ni à prouver en 1966 !)
M.D. y avoue son inanité, sa paresse, le hasard, la chance, son absence d’enthousiasme et c’est vrai aussi, son côté ZEN , ironique, détaché et ICONOCLASTE, et révèle un peu de son savoir-faire tortueux.
La mode de ce STYLE de manipulateur, en a fait un HEROS du RIEN.
(nul doute que des milliers d’escrocs incapables l’envient…)
MARCEL DUCHAMP, Entretiens avec Pierre Cabanne. ( 1967)
Editions ALLIA. 171 pages . 15 Euros…
(on en reparlera avec l’expo à venir)