« Une histoire des paradis artificiels » – et des artistes inspirés.
© Jean Cocteau à la cigarette. Lucien Clergue. Tournage du Testament d’Orphée, Les Baux de Provence, 1959, Tirage épuisé.
« Parmi les drogues les plus propres à créer ce que je nomme l’Idéal artificiel, laissant de côté les liqueurs, qui poussent vite à la fureur matérielle et terrassent la force spirituelle, et les parfums dont l’usage excessif, tout en rendant l’imagination de l’homme plus subtile, épuise graduellement ses forces physiques, les deux plus énergiques substances, celles dont l’emploi est le plus commode et le plus sous la main, sont le haschisch et l’opium. »
Les Doors et les artistes des 60s n’ont pas été les premiers à franchir les Portes de la perception – ainsi Baudelaire, en 1860, évoquait déjà la force de création permise par la consommation de haschich et d’opium. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit le terme de paradis artificiels consacré par un nouveau documentaire intitulé « Drogues et Création – une histoire des paradis artificiels ».
Mais avant lui, l’écrivain anglais Thomas de Quincey confessait déjà sa passion pour les drogues (en 1822 il écrit Confession d’un mangeur d’opium) et c’est par son portrait que le film de Jérôme de Missolz commence. Diffusé par Arte, il revient sur les liens entre la création artistique et la consommation de drogues diverses et variées. Cet accès rapide à une autre vision, à une autre réalité séduira d’abord les Romantiques puis le club des Haschischins (mené par Jacques-Joseph Moreau dès 1844). Emportés par cette curiosité, les artistes s’aventurent rapidement vers d’autres drogues, plus dures, plus addictives et plus dangereuses aussi. Cette tradition de consommation par les artistes se poursuivra évidemment avec la naissance du surréalisme et quand il s’agira d’oublier les horreurs de la première guerre mondiale. Puis viendront les 60s et les années 70 – époques d’expériences totales et de plongées dans le psychédélisme musical et visuel que l’on connaît un peu mieux.
C’est de tous ces liens structurants entre création et consommation dont ce film parle et si ce documentaire a une visée didactique, il entend surtout nous plonger littéralement dans un trip aux côtés de ces artistes, en nous immergeant dans leurs tableaux, leurs oeuvres, leurs états poétiques et transcendants. Créé en deux parties, il sera diffusé dès demain sur Arte.