Il a lancé le festival avec une masterclasse jeudi soir à Sciences Po.
Alors qu’il est en train de fignoler son prochain album à paraître en mai, Youssoupha a fait un détour dans l’enceinte de Sciences Po à Paris jeudi soir pour donner une masterclasse qui lançait la deuxième édition du festival Le Bruit De La Ville.
Parrain de l’évènement, le rappeur était entouré de Pierre Le Khac, de l’association Noise La Ville qui organise le festival et du rédac-chef de Yard, partenaire d’un soir. Avant de s’étendre pendant un long moment sur son processus de création, sur son rapport à la ville et de répondre aux questions des nombreux élèves de l’école, le natif de Kinshasa nous a accordé quelques minutes. De quoi va t’il parler aux jeunes présents ? Il nous répond qu’il a justement évité de préparer un discours particulier, » Dans un endroit hyper institutionnalisé comme ici, j’ai envie de laisser un peu la spontanéité faire. Je sais qu’on va forcément parler de rap, de ma carrière, des points communs que j’ai avec eux. La fac en est un. J’ai pas envie que ce soit une conférence de presse de Youssoupha, je préfère que ce soit leur curiosité qui soit satisfaite. »
Comment peut-il expliquer l’étonnement que peut provoquer chez certains le fait de mélanger rap et école prestigieuse comme celle-ci ? Pour Youssoupha, l’idée n’est tout simplement pas assez répandue. « Ce qui est dommage, c’est qu’en France on ne réalise pas que l’on est le deuxième pays rap au monde. Plus que l’Allemagne ou l’Angleterre. Et c’est vrai que vu la place qu’a pris le rap dans la société française depuis plus d’une vingtaine d’années, on s’étonne qu’il ne soit pas plus présent dans des institutions audiovisuelles et de l’éducation. Mais à un moment ou à un autre, les enfants du rap comme ceux qui m’invitent ce soir seront derrière les bureaux et seront les décisionnaires. » Et d’ajouter, avec une pointe d’amertume, » Je trouve assez frustrant que les enfants du rock qui ont été marginalisés eux-mêmes à une époque, n’aient pas été plus tolérants et n’aient pas ouvert plus de portes sur les circuits audio-visuels, sur les concerts, sur la presse écrite etc.. On peut comprendre que le rap est une culture qu’ils connaissaient peu et qu’ils aient été stigmatisés à une époque mais c’est dommage qu’ils aient eu finalement le même réflexe, qu’ils soient restés hermétiques au rap pendant trop longtemps. Cela aurait pu aller plus vite.«
Le Festival Le Bruit de la Ville se poursuit aujourd’hui à Saint-Ouen à Mains d’Oeuvres de 14h à minuit avec un village associatif, des expos, des projections, des Dj sets et les concerts de JP Manova, Espiiem, The Marv, Khng Khan ou encore Flynt. Une table ronde « Le Hip-Hop et l’Ile-de-France » aura lieu également. Toujours à Saint-Ouen, jusqu’à 17h au Gymnase Joliot Curie, Block Party avec un tournoi de foot 3 x 3, des ateliers DIY ou encore un barbecue pour savourer les Dj sets proposés.
Crédit Photo : YARD