15 ans après la Mafia Trece et ses 100 000 disques vendus, il porte aujourd’hui la robe.
En 1998, son collectif Mafia Trece éclate les charts : plus de 100.000 galettes vendues. Un disque sur lequel il partage le mic avec Diam’s, Yannick et Leeroy. 15 piges plus tard on a retrouvé le rappeur Cochise et il porte la robe.
Paris 8e, à deux pas des Champs-Elysées. « Dans le rap, tu prends un pseudo, quand t’es avocat, tu portes la robe. Dans les deux cas, tu joues un personnage », explique calmement Serge Money. Un verre de rhum 12 ans d’âge à la main, il est confortablement installé dans le coin salon de son vaste bureau.
Le bonhomme sait de quoi il parle. Devenu avocat, l’ancien rappeur membre de Mafia Trece possède aujourd’hui son propre cabinet, au quatrième étage d’un immeuble bourgeois. Un dénouement heureux pour un p’tit gars du 9-4 qui traîne tous les jours sa solide carrure sur les Champs-Élysées.
DIAM’S ET LA MAFIA TRECE
20 ans plus tôt, la success story de Serge Money débute dans le 13è arrondissement. Alors étudiant en droit, celui qu’on appelle Coach ou Cochise rejoint Mafia Trece. Ce collectif de rap regroupe quelques têtes de gondole du milieu indé : Southcide 13, Moovens’, son groupe Echo du Sud, mais aussi les rappeurs Diam’s, Yannick et Leeroy du Saian Supa Crew qui vient prêter main forte à l’équipe sur certains titres.
Après un EP sur lequel figure « Je Plaide Pour la Rue », chanson où Serge campe un avocat qui défend les caïds du quartier (!), Cosa Nostra, le premier album de la Mafia Trece, sort en 1997. Il tape dans l’œil de Laurent Bouneau, alors jeune directeur des programmes de Sky’. Il craque sur le morceau « A la recherche du mic perdu », une sorte de délire rap-mystique, à mi-chemin entre Wu Tang et moines shaolin.
À grands renforts de passages en radio et de street marketing, la mayonnaise prend et la galette s’écoule à près de 100.000 exemplaires. Serge lâche alors la fac pour la musique. Lui et ses potes vivent la good life, traînent dans les soirées showbiz et se produisent sur toutes les scènes de France et de Navarre :
« On avait fait un showcase au Virgin sur les Champs. C’était tellement plein qu’ils ont été obligés de fermer les portes et de mettre de la lacrymo sur ceux qui restaient devant. »
CES SOIRÉES-LÀ
Pourtant, dès l’enregistrement du deuxième album, les choses se compliquent pour la Mafia du 13 et les divergences apparaissent : « On ne s’entendait plus sur la direction artistique du projet. Tout le monde voulait faire ses trucs, on ne pouvait plus bosser ensemble. » Dans la foulée, Yannick, son acolyte, décide de se lancer en solo et le titre « Ces Soirées-Là » se hisse en haut du Top 50. Seul hic, il « oublie » de prévenir ses potes :
« Un ami nous avait appelé pour nous dire de regarder la télé. Quand on a vu le clip, on s’est senti trahi. »
Avant que le collectif n’éclate
Arnaqué par leur manager, lâché par la maison de disque, le collectif éclate. Serge et ses potes de Moovens’ se retrouvent alors en indé. Sans un sou, ils lancent un label, Quinte Flush, tournent un peu sous le nom de Mafia Trece, mais rapidement la motivation manque :
« Quand t’as connu les majors, c’est dur de se remettre à coller des stickers et à toquer à la porte des labels pour passer en radio. »
Pour gagner son pèse, mais aussi par amour de la rime et de la pédagogie, Serge’M anime des ateliers de rap un peu partout en France. Les années passent et il finit par raccrocher le mic’.
BACK À LA FAC
C’est à trente ans que Serge Money retrouve finalement les bancs de la fac pour devenir avocat. C’était son projet initial. Finies les soirées VIP, le voilà en TD, derrière son pupitre, avec des mecs qui ont dix ans de moins. Et à l’entendre, ce n’était pas une mince affaire :
« C’était un des moments les plus durs de ma vie. En plus, les études de droit, c’est infantilisant. Tu dois lever le doigt, tu te fais engueuler, c’est un truc de ouf. Les profs te traitent vraiment comme du poisson pourri. »
En cinq ans, Serge obtient son diplôme. Dans la foulée, il se lance à son compte, direct : « j’avais envie de rattraper le temps perdu, d’arriver à 40 ans et de ne pas être un petit avocat ». Les premiers mois sont durs, et le jeune maître bulle dans son costard nickel en attendant les coups de fil. A force de travail, il se fait une clientèle et acquiert une solide réputation.
Un parcours éclair couronné par sa nomination à la conférence des avocats en 2014, sorte de dream team du barreau. Au bout de la cinquième tentative :
« C’était important pour changer l’image que les gens avaient de moi. »
La suite de l’article est à lire sur le site de StreetPress !