Dévoilant la version longue des « Fantômes d’Ismaël », le cinéaste nous ouvre sa bibliothèque labyrinthique : Philip Roth, « Bartleby », John Le Carré, Emily Dickinson, Ibsen, Thoreau, Joyce ou… des Indiens des plaines.
« Un jour, quand je te perdrai, comment feras-tu pour t’endormir ? » Un jour, un réalisateur fantasque s’aperçoit que sa femme, qu’il croyait morte depuis 21 ans, 8 mois et 6 jours, revient dans sa vie au moment où ce quasi clochard – qui fait tout « trop », alcoolique, polytoxicomane et insomniaque – va s’offrir une seconde chance avec une astrophysicienne un peu « nonne » – qui fait tout « pas assez ». Il quitte alors son tournage et s’enferme dans un grenier, essaye de reconstruire son existence mais n’y parvient pas. Ismaël se perd au milieu de ses fantômes : celui de son épouse, celui de son frère agent secret, celui du film qu’il essaie d’écrire.
« Une apologie du désordre. » C’est comme cela qu’Arnaud Desplechin, résume et définit son dernier long-métrage, Les Fantômes d’Ismaël, présenté hors compétition en ouverture du dernier festival de Cannes, avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard et Charlotte Gainsbourg. Le film vient d’apparaître en DVD ainsi qu’en VOD, dans une version longue qui avait un peu loupé son rendez-vous avec le public en mai dernier.
L’occasion de revenir avec lui sur ce mille-feuilles romanesque qui cite aussi bien Rainer Maria Rilke que Flannery O’Connor. Où les mystérieuses étrangères que l’on rencontre de nuit dans les aéroports connaissent le nom du château d’Hamlet. Où la comédie romantique déboulonne et oxygène le drame intime. Où le récit d’espionnage peut devenir un terrain d’exploration psychanalytique dans un grand geyser de fictions vivantes.
Une émission imaginée et présentée par Richard Gaitet, réalisée par Sulivan Clabaut.