On vous offre des places pour aller voir le nouveau film de Gabriele Mainetti : Freaks out.
Le cinéma a toujours aimé les monstres, les phénomènes de foire. Peut-être parce qu’à son origine c’était justement un art forain. Ou qu’à côté des chapiteaux où l’on exhibait les créatures les plus variées, on projetait les premiers films, avec la même idée d’exacerbation du réalisme. D’ailleurs si la littérature et la peinture ont longtemps été fascinées par les monstres, le cinéma reste malgré tout l’art qui les a le mieux observé, en allant régulièrement chercher chez eux une part d’humanité. Voire inverser la donne en rappelant que c’est chez les gens normaux d’apparence que peut se dissimuler les plus bas instincts.
De Tod Browning et son bien nommé Freaks à Tim Burton et Edward aux mains d’argent et tant d’autres, beaucoup de cinéastes l’ont martelé. L’italien Gabriele Mainetti se rajoute à la liste avec Freaks out, variation sur ce genre, faisant la passerelle avec les films de super-héros en plongeant un quatuor de marginaux dotés de super-pouvoirs dans la folie du programme hitlérien des « Ubermensch », cherchant à créer des surhommes au service du IIIe Reich. Pour autant le royaume de Freaks out est une délirante cour des miracles : un loup-garou à la force colossale, un aimant humain, une femme électrique et un télépathe contrôlant les insectes. Tous crapahutant dans l’Europe chaotique de 1942.
Freaks out pourrait n’être qu’une version déviante des X-Men qu’il serait déjà réjouissant. Mais Mainetti y ajoute une généreuse démesure le rapprochant des univers d’un Paul Verhoeven comme d’un Guillermo Del Toro dans cette manière d’exorciser les craintes qu’un cauchemar généralisé recommence par le sens de l’excès. Le besoin de se rassurer en reconstituant les pires périodes comme une ogresque bouffonnerie. Et donc forcément une part d’équilibrisme casse-gueule pour un film qui mêle grand spectacle et Holocauste, ose le trivial haut en couleurs pour aborder la page la plus sombre de l’histoire du XXe siècle, regarde cette sale époque sous un angle épique. Mais toujours pour rappeler où se trouvent vraiment les plus atroces anomalies, la véritable monstruosité.
En salles depuis le 30 mars.
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