Un délire italien ébouriffant qui part à la chasse aux vrais monstres.
Le cinéma a toujours aimé les monstres, les phénomènes de foire. Peut-être parce qu’à son origine, c’était justement un art forain. Qu’à côté des chapiteaux où l’on exhibait les créatures les plus variées, on projetait les premiers films, avec la même idée d’exacerbation du réalisme. D’ailleurs, si la littérature et la peinture ont longtemps été fascinées par les monstres, le cinéma reste malgré tout l’art qui les a mieux observés. En allant régulièrement chercher chez eux une part d’humanité. Voire inverser la donne en rappelant que c’est chez les gens normaux d’apparence que peuvent se dissimuler les plus bas instincts. De Tod Browning et son bien nommé Freaks à Tim Burton et Edward aux mains d’argent et tant d’autres, beaucoup de cinéastes l’ont martelé.
L’italien Gabriele Mainetti se rajoute à la liste avec Freaks out. Une variation sur ce genre qui fait la passerelle avec les films de superhéros en plongeant un quatuor de marginaux dotés de superpouvoirs dans la folie du programme hitlérien. Des Übermensch, cherchant à créer des surhommes au service du IIIe Reich. Pour autant, le royaume de Freaks out est une cour des miracles aussi délirante qu’attachante. Un loup-garou à la force colossale, un aimant humain, une femme électrique et un télépathe contrôlant les insectes, tous crapahutant dans l’Europe chaotique de 1942. Freaks out pourrait n’être qu’une version déviante des X-Men qu’il serait déjà réjouissant.
Mais Mainetti y ajoute une généreuse démesure qui le rapproche des univers d’un Paul Verhoeven ou d’un Guillermo Del Toro.
Dans cette manière d’exorciser les craintes qu’un cauchemar généralisé recommence par sens de l’excès. Et par le besoin de se rassurer en reconstituant les pires périodes comme une ogresque bouffonnerie. Sans oublier la possibilité de trouver refuge dans un imaginaire sans limites. Et donc forcément, une part d’équilibrisme casse-gueule pour un film qui mêle grand spectacle et Holocauste. Qui ose le trivial haut en couleurs pour aborder la page la plus sombre de l’histoire du XXe siècle. Freaks out regarde cette sale époque sous un angle épique. Mais toujours pour rappeler où se trouvent vraiment les plus atroces anomalies : la véritable monstruosité.