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Certains héros naissent de petits riens. Il semble que Dean Flesicher Camp s’ennuyait terriblement lors d’un mariage où il était invité. Pour tromper le temps, il se laissa aller à imaginer un personnage de coquillage qui observerait le monde avec des yeux d’enfant. Il en résultera trois courts-métrages d’animation qui deviendront la coqueluche de YouTube. Marcel étant devenu une star virale, lorsqu’il fut proposé à Camp d’en tirer un long-métrage, il prit le parti d’un faux documentaire sur ce coquillage philosophe à la voix éraillée, expliquant son quotidien entre micro-aventures dans la maison où il vit, pleine d’objets démesurés pour sa taille riquiqui et coups de mou quand il pense à sa famille qui a disparu de l’endroit, ne laissant que lui et sa grand-mère. Marcel le coquillage avec des chaussures dénote dans le cinéma d’animation actuel par ses airs de conversations entre un mollusque malin et un réalisateur amusé, tous deux tissant peu à peu autant une chaleureuse relation d’amitié qu’un constat commun de leurs solitudes.
Autrement dit, un film d’animation qui sort son registre de sa coquille ?
Un peu comme si les productions Aardman (la maison mère de Wallace & Gromit) ou Laïka (celle de Coraline et Paranorman) s’allongeaient sur un canapé de psy, pour faire le point sur le sens de la vie. Tout est question d’échelle dans Marcel le coquillage avec des chaussures, que ce soit en racontant les petits riens qui font les grands souvenirs où en faisant de la place aux grandes questions existentielles. Ça pourrait virer manuel de développement personnel ou exhumation des mantras de Paolo Coelho, mais Marcel le coquillage avec des chaussures, à l’intelligence de ne pas être dupe, par les remarques lucides et ironiques du crustacé miniature sur l’époque moderne et ses faux-semblants. Ou simplement par la délicatesse avec laquelle les élucubrations sur le sens de la vie glisse peu à peu vers la mélancolie ou l’enthousiasme d’aller voir au-delà de sa fenêtre. Aussi inattendue qu’étonnante épopée de l’intime, Marcel le coquillage avec des chaussures se remplit ainsi peu à peu d’émotions crève-cœur, pour être un merveilleux film cocon, mais surtout pas une coquille vide.
En salles le 14 juin