Le nouveau film d’un réalisateur qui s’intéresse plus à l’École que Gabriel Attal.
Thomas Lilti s’est fait une place dans le cinéma avec Hippocrate, Médecin de campagne puis Première année, triptyque auquel s’est ajouté Hippocrate, la série, l’ensemble consacrant sans doute un peu trop vite ce réalisateur comme spécialiste du monde médical.
Le voilà qui se penche sur le milieu scolaire avec Un métier sérieux, chronique de la première rentrée de Benjamin, prof nouveau venu dans un collège.
Lilti y conforte le principe de ses films précédents : ce n’est pas tant une profession que ce qui y mène qui l’intéresse ; ce qui fait qu’une vocation se maintient tant bien que mal. Pas la peine d’organiser une projection pour Gabriel Attal au ministère de l’Éducation, la cause que défend Un métier sérieux n’apprendra rien de nouveau sur les conditions dramatiques de l’École en France.
Ici, et c’est ce qui est beau, à l’opposé de la majorité des films sur les profs, il n’est pas question d’en faire des héros ordinaires, mais simplement de filmer l’impact d’un métier sur l’intime. S’il est politique et social, c’est dans cette manière, ravivant celle des Claude Sautet de la grande époque, de filmer un groupe dans ce que son quotidien peut avoir de romanesque, à la façon des vignettes d’un Vincent, François, Paul et les autres.
Lilti fait exister son Benjamin, Pierre, Sandrine et les autres par un scénario collecteur d’instants et une formidable troupe d’acteurs, entre ses habitués (de Vincent Lacoste à Louise Bourgoin) et des nouveaux (de Lucie Zhang à Adèle Exarchopoulos), tous donnant une forme incroyablement fluide et organique pour raconter, des exaltations aux coups de mou ou déceptions, ce qu’est l’engagement. Et dès lors, de repousser les murs d’une salle des profs, voire d’un collège, pour aller bien au-delà d’un cahier de doléances du système éducatif : faire un état des lieux du collectif comme pilier fondamental, mais de plus en plus fragile de la démocratie. Autrement dit, Un métier sérieux, modèle d’écriture et d’observation, est un film qui doit faire école.
En salles le 12 septembre.