La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
Du neuf, en 1989 : « Le Deenastyle », créé deux ans plus tôt sur notre antenne par DJ Dee Nasty et co-animé par Lionel D. et ses rimes solides, devient chaque dimanche soir le rendez-vous incontournable du rap francilien. À l’image du fameux freestyle réunissant NTM et Assassin, « fouettant l’auditeur, le touchant en plein cœur », des légions de MC’s aux aboie, rarement timides et souvent sans complexe, font trembler le mic pour « inscrire leur nom sur la carte » tandis que nos escaliers sont repeints avec les graffs de Colt ou Mode2. Un autre dimanche soir, le téléphone sonne : c’est Mick Jones en personne, guitariste-chanteur des punks glorieux de The Clash, qui se pointe en direct pour jouer une sélection de vinyles électroniques. Il aurait pu choisir le baiser house de French Kiss signé Lil’ Louis, ou reconnaître en passant ses héritiers parigots débraillés, La Mano Negra, qui nous excitait un peu plus que La Lambada.
Pendant ce temps-là, Salman Rushdie est « condamné à mort » pour ses Versets sataniques, une sonde spatiale prend des photos de la planète Neptune et surtout, un mur chute : celui de Berlin, recouvert (à l’Ouest) de tags en faveur de la liberté. Avec lui, c’est la guerre froide et la binarité du monde qui s’effondrent, avec une déclaration officielle de Mikhail Gorbatchev et George Bush Sr. En Asie, c’est plus chaud : certes, le Dalaï-Lama reçoit le Nobel de la paix, mais les chars de l’armée chinoise sont envoyés place Tian’an men, à Pékin, pour réprimer des manifestations et massacrer des étudiantes, des intellectuels, des ouvriers. En réaction, Nova envisage l’impossible : affréter en mer de Chine un bateau-radio nommé « La Déesse de la Démocratie », pour tendre le micro aux dissidents traqués. Hélas, notre émetteur sera confisqué par le pouvoir avant sa mise en marche (et, d’après Bizot, nos équipes ont même été « poursuivies par un sous-marin »). Branchez-vous sur notre sonar temporel : on plonge.
Réalisation, mixage : Guillaume Girault.