La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
Suite à l’arrivée tonitruante d’Ariel Wizman et Edouard Baer, Radio Nova n’est plus du tout, deux saisons durant, le pays du matin calme. Leur émission désormais culte, La Grosse Boule, dévale à toute berzingue sur les volcans de leur fantaisie et déploie son barnum grand-guignolesque de 7h à 9h. Un tout petit peu cadrés par la réalisation de haute volée signée, entre autres, Sébastien Boyer Chammard, les deux Monty Pythons parisiens livrent des caisses de sketchs invraisemblables, de chansons absurdes et d’interviews sans filet d’invité·e·s décontenancé·e·s par leur bagout et la folie surréaliste à l’œuvre. Tout peut arriver – une chorale de noctambules en after, les réponses monosyllabiques de Ben Harper ou le rendez-vous de « la pierre », ce pavé (supposément) ramassé par Bizot en mai 68, posé dans un coin du studio, qui leur permettait de couper la parole aux gens barbants en jetant ce caillou par terre, de toute leur force, avec des cris sauvages, telle une incantation chamanique. Pile l’année où les Enfoirés entonnent Le monde est stone.
En 1993, Bill Murray se réveille tous les matins, lui, en écoutant à la radio I got you babe de Sonny & Cher, piégé dans un perpétuel Jour sans fin. Steven Spielberg ressuscite les dinosaures dans Jurassic Park, tandis qu’on songe à cloner les disparus de l’année : Fellini, Ferré, Zappa ou Dizzy Gillepsie. C’est le début de la fin pour le 45-tours et les débuts internationaux de Snoop Doggy Dogg, Björk ou Jamiroquai, à l’heure où l’eurodance, formellement prohibée sur notre antenne, se répand sans limite – no, no, there’s no limit – de même que la pop suédoise d’Ace of Base, qui rêve d’une Happy Nation. Comme le dit très bien Elisabeth Quin, en goguette au festival de Cannes pour rencontrer les espoirs du cinéma brésilien ou coréen, Nova est maintenant « labellisée intello-barjo ». Et se paie le luxe d’imposer avant tout le monde Je danse le mia d’IAM à plusieurs heures de la journée, pavant la voie de cette ritournelle terriblement funky appelée à devenir le succès n°1 des rappeurs phocéens – alors que la maison de disques envisageait un autre single pour le double album Ombre et Lumière. Tu connais la suite. « Tout le monde se levait, des cercles se formaient, des concours de danse un peu partout s’improvisaient. Je te propose un voyage dans le temps. »
Réalisation, mixage : Guillaume Girault.