La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
Un quart de siècle ! En 2006, Nova célèbre ses noces d’argent avec le public et ne coupe pas le son, contrairement à Philippe Katerine qui, sur son album Robots après tout, confie pourtant qu’il adore regarder danser les gens au bar du Louxor. Notre anniversaire se fête un dimanche soir en très grandes pompes dans les 12 500 m² de la Nef du Grand Palais, à Paris, avec DJ Medhi, Amadou et Mariam, Rachid Taha, Saïan Supa Crew, Bumcello, Grand Master Dee Nasty ou l’Allemande Ayo – dont la complainte soul acoustique Down on my knees tourne en rotation lourde. Accompagné d’un DVD documentaire de 3H30 d’archives vidéo (aujourd’hui disponible sur YouTube), un livre sort en kiosques avec 25 ans d’histoires, « ponctuées de causes et d’actes aussi gratuits que l’est une radio pour un auditeur », écrit Jean-François Bizot en ouverture. « Pour vivre, survivre, Nova a affirmé sa liberté face aux autorités de tutelle, celles d’avant le CSA. Avant qu’on ne comprenne à quel point Nova a vocation à figurer dans les grandes agglomérations. »
On nous capte désormais aussi à Angers, Boulogne-sur-Mer, Dreux, Limoges, Marseille, Montpellier, Nantes et Pau. Cela mérite une n-ovation ! Et notre sachem de faire le bilan, calmement : « Il est passé du beau monde dans les locaux (…) Quand on écoute les épanouis de la réussite, les entortilleurs de causes (…) ou les filles à la voix d’or qui passent plus vite que l’éclair, oui, quand on les revoit tous avec amour, fierté et cette complicité puissante (…), eux qui ne sont devenus rien de plus que ce qu’ils étaient, puisqu’ils étaient si forts qu’ils n’avaient rien besoin de devenir (…) En regardant dans le rétroviseur de Nova (…), on sent qu’il va falloir assurer pour participer aussi fortement aux vingt-cinq ans qui se profilent, avec leurs nationalismes, leurs enfermements, leurs âpretés (…), faire attention aux humeurs de la banque si l’on refuse d’être dompté. »
L’animal indompté qui ne trompe pas, dans ce contexte, c’est L’Éléphant effervescent, baptisé d’après une chanson de l’ex-Pink Floyd Syd Barrett (qui meurt en 2006, comme Ray Barretto, Ali Farka Touré, J Dilla et même Sa Majesté James Brown, le jour de Noël). Animée par Mélanie Bauer, transfuge de Ouï FM, cette émission quotidienne, qui parvient à aligner un live par jour et n’oublie pas de jouer Baxter Dury, Amy Winehouse ou Le Chercheur d’or d’Arthur H, voit démarrer un jeune critique littéraire : Augustin Trapenard. Nouveaux pilotes de nos matins, Armel Hemme et Mathilde Serrell s’octroient les services de deux reporters farfelus, Jean-Philippe Lagarde et Mélanie-George Mallet, et ne parlent probablement pas du coup de tête de Zidane en finale de coup du monde, mais plutôt : de la création de Twitter, d’une extraordinaire série sur Baltimore baptisée The Wire, de l’épidémie de chikungunya à la Réunion, de la sortie de Borat ou d’OSS 117 avec Dujardin en athlète des sourcils, de Justin Timberlake produit par Timbaland, des deux cowboys in love de Brokeback Mountain, du premier tome de la BD Aya de Yopougon récompensé à Angoulême, du groupe Phoenix en perruques dans le biopic de Marie-Antoinette, de la France qui décrète une journée nationale pour commémorer l’abolition de l’esclavage, du succès d’une trilogie suédoise nommée Millenium, voire de la pendaison de Saddam Hussein en Irak – où se crée, dans l’ombre, une organisation terroriste appelée Daech.
Le dernier mot est encore de Bizot : « Nova a besoin d’agrandir son espace pour progresser. Et plus question de la fermer. Comme on disait sur nos badges de 1981 : pas question de mollir. »
Réalisation, mixage : Benoît Thuault.