Disparu à 81 ans, le chanteur se racontait en musique au micro d’Isadora Dartial en 2012.
Si l’histoire de Sixto Rodriguez, disparu il ya quelques jours à l’âge de 81 ans, était une fiction, on aurait du mal à y croire tellement elle est insensée. Incroyable, inimaginable, émouvante. A tel point qu’un film est sorti sur ce destin manqué, cette « autre vie ». « Searching for Sugarman », c’est cet effet papillon, ce moment où votre destin aurait pu être totalement différent. Rodriguez aurait pu être une rock star comme un Dylan, des Beatles ou des Stones. Il restera inconnu dans son propre pays, starifié et adulé dans un autre – sans jamais l’avoir su. Il pasait dans les locaux de Nova en 2012 nous parler des musiques qui l’ont bercé. Nous vous proposons de réécouter cette rencontre.
Sixto Rodriguez, faciès émaillé de chicano – presque une tronche d’apache, cheveux tellement noirs qu’ils en brillent, démarche élégante et sourire énigmatique, est et a toujours été un protest singer.
Dans ce Detroit des années 70, la tête sous les problèmes économiques, Rodriguez sortira deux albums, Cold Fact et Coming From Reality. Deux chefs d’œuvre, deux recueils de poésies, deux albums déjà cultes avant même leur sortie, à en croire tous ceux qui l’enregistrent, l’entendent ou le produisent.
Échec total. Les deux albums sont parmi les plus gros flops du monde de la musique. Incompréhension de ses collaborateurs. Rodriguez, philosophe, remet son bleu de travail et retourne sur les chantiers.
Rodriguez se décrit lui-même comme un musicien engagé. Il commence avec nulles autres armes que sa voix et sa guitare. Pour certains, cela suffit amplement. « Je pars du principe que la musique est présente dans chaque culture et que les gens ont toujours chanté ; dans mon cas, je viens d’une famille ou l’on jouait de la guitare… Je m’y suis mis petit à petit. A 16 ans, j’ai décidé de faire de la musique. C’était mon moyen de m’exprimer ».