Chaque jour, Radio Nova met un coup de projecteur sur un titre. Aujourd’hui : “Can’t Wait” de Doja Cat.
Qu’on aime la détester ou que l’on déteste l’aimer, une chose est sûre, Doja Cat ne laisse certainement pas indifférent. C’est en général ce qui arrive lorsqu’une popstar à la renommée internationale décide de prendre la direction opposée du chemin imaginé pour elle par le public et l’industrie. Encore plus si cette même popstar s’aliène volontairement de ses supporters les plus fidèles en réprouvant l’intégralité de son propre catalogue musical. “Say So, Kiss Me More” ou encore “Woman”, des tubes qui ont pourtant fait l’unanimité, sont désormais relégués au rang de simple produit marketing fabriqué pour monopoliser les premières positions des charts par leur créatrice. Réponse aux fans mécontents : “I don’t even know yall”.
Doja Cat en a donc eu marre de faire semblant. Venant d’une artiste qui a côtoyé au début de sa carrière les scènes exigeantes organisées par Project Blowed, véritable institution de la scène rap underground de Los Angeles, et dont le premier succès émane d’un morceau troll brillant d’auto-dérision (MOOO!), rien de particulièrement étonnant. Ce passif avec le rap, même si elle ne s’en est jamais complètement éloignée après sa signature en major, a connu beaucoup de dilution année après année, album après album.
On peut considérer qu’avec son nouvel opus Scarlet, Doja Cat opère en quelque sorte un retour aux sources. En juin dernier, “Attention” annonçait déjà la couleur : cinq minutes de rap pur sur une production élégante et raffinée en dehors des formats commerciaux habituels. Une sorte de single “zéro” utilisé pour tester la réaction du public.
Le vrai premier single, “Paint the town red”, apparaît dès sa sortie comme un hit en puissance. Sa structure est plus conventionnelle, le sample du célèbre “Walk on by” de Dionne Warwick est d’une efficacité redoutable et la personnalité pour le moins exubérante de Doja Cat vend à elle seule l’intégralité du morceau. L’imagerie démoniaco-satanique accessoire du clip n’était même pas nécessaire.
Un thème récurrent que l’on retrouve tout au long du disque, l’amour, atteint son point culminant avec “Can’t Wait”, coup de cœur de Nova. À nouveau, un sample, cette fois-ci le break de “Impeach The President” du groupe funk The Honey Dippers sur lequel la californienne n’hésite pas à se montrer vulnérable et totalement inconditionnelle dans sa manière d’aimer son partenaire actuel, qui semble être pour elle une source d’inspiration importante.
L’amour, c’est aussi accepter de s’enfoncer dans certains clichés, et Doja Cat n’en a absolument rien à faire de ce qu’on pourra dire ou penser d’elle et de sa relation.
Malgré une exécution parfois un peu trop scolaire par envie de prouver et un manque de prise de risque dans certains choix musicaux que l’on peut regretter, Scarlet réaffirme tout de même la Doja Cat des débuts mais avec un positionnement en accord avec celle d’aujourd’hui. Définitivement l’album de rap mainstream américain à côté duquel il ne faut pas passer cette année.