Un des seuls morceaux de l’histoire de la house à s’être extirpé de l’underground pour toucher le mainstream, et qui cache un léger ADN rock.
Quand on regarde l’histoire de la house, il y a assez peu de morceaux du genre qui ont réussi à réellement sortir de l’underground pour s’infiltrer dans la culture mainstream. On s’entend, certains sons comportant des touches de house dans leurs productions ont fait les tops des charts. Récemment, Beyoncé (et son album Renaissance) ou Drake (avec Honestly Nevermind) sont allés sourcer le son house avec plus ou moins de succès, de plus ce ne sont pas des artistes issus de la scène house. On peut toutefois citer deux exemples de morceaux qui ont réussi à s’extirper des clubs souterrains, et les deux viennent de Baltimore, sur la cote est des États-Unis.
House de Baltimore
Si on la cite moins souvent que Chicago ou que New-York dans la cartographie de la House music, Baltimore reste une ville capitale pour le genre, et sa scène club vivace a permis l’émergence d’artiste locales capable de défendre le son de “Bmore” à l’échelle nationale. Le premier de ces noms, qui a trouvé le succès au-delà du classement Billboard Dance music, c’est Crystal Waters avec « She’s Homeless » , dont le refrain vous est déjà resté en tête au moins une fois. Le deuxième, c’est Ultra Naté et son disque « Free» une personne qui travaille avec les mêmes producteurs que Crystal Waters, les Basement Boys.
Ultra Naté est une figure hyper importante à Baltimore. Depuis le début des années 90, elle pose sa voix sur des productions locales, elle a ensuite représenté la house de Baltimore en collaborant avec Frankie Knuckles (pionnier de la house de Chicago) ou avec les Master at Work à New York. À partir des années 2000, Ultra Naté lance les soirées Deep Sugar au club Paradox de Baltimore (qu’on vous a présenté dans La Traque), des rendez-vous majeurs pour la scène House locale.
Do what you want to do
Avant de passer derrière les platines, Ultra Naté a signé Free, l’un des plus grands succès de la dance music dans les années 90. Chez votre disquaire fétiche, vous le trouverez rangé dans les rayons “house”, mais le morceau possède un léger ADN rock. En effet, il s’ouvre sur des notes de guitare qui introduisent la mélodie qui porte ensuite le morceau. Ce zeste de rock, c’était la volonté d’Ultra Naté qui faisait tourner « Losing My Religion » du groupe de rock REM en boucle chez elle. L’idée était d’avoir un son rock, mais imprégné de l’esprit house et pouvant tourner en club. C’est ce mix de genres musicaux qui a contribué à faire de “Free” un incontournable.
L’autre qualité qui a joué dans le succès du titre, et en a fait un hymne, c’est sa thématique émancipatrice qui encourage les danseuses et danseurs à faire ce qu’ils veulent (« Do What You Want To Do » ). Cette phrase, répétée en boucle, appelle à la liberté, à l’émancipation, et a fait du morceau un symbole, extrêmement populaire dans la communauté gay, une communauté liée depuis le départ au son House.
25 ans après sa sortie, on peut constater que Free n’a pas perdu un centième de sa force, et reste un aimant à dancefloor ultra-efficace, et déclencheur d’ambiance imparable. Je vous dirais bien de le mettre à votre prochaine soirée, mais vous être « Free » de faire ce que vous voulez.