Une passerelle entre la harpe celtique d’Écosse et la bande-son du zimbabwe, ça existe et ça se trouve dans cet album des Bhundu Boys.
C’est un disque marqué par la perte dont on fête l’anniversaire aujourd’hui, un disque du groupe zimbabwéen Bhundu Boys, qui s’était fait connaitre dans les années 80, au Zimbabwe, mais aussi en Europe grâce au soutien de radios anglaises. Leurs morceaux associés au Jit, un genre de la musique dansante zimbabwéenne dont les Bhundu Boys sont les pionniers, avaient particulièrement tourné sur les ondes britanniques.
Après cette période faste, la popularité du groupe a décliné, leurs disques sont de moins en moins attendus, les salles de concerts moins remplies, on a déjà là une première forme de perte, la perte de succès. La deuxième est bien pire. Entre leur premier album et Friends on the Road, 3 membres du groupe décèdent, emportés par le sida, un mal qui touchait le Zimbabwe et le reste du monde de plein fouet. Les Bhundu Boys parviennent à combler ces absences en faisant appel à de nouveaux musiciens, en particulier le Latin Quarter, groupe britannique qu’ils ont rencontré après leur tournée au Royaume-Uni. Friends on the Road, parle peut-être autant des amis que l’on s’est fait en chemin que de ceux que l’on a perdu dans le sillage.
L’album s’ouvre sur « Radio Africa » une reprise d’un morceau d’Afrique du Sud qui avait fait le tour de la planète et était particulièrement populaire au Royaume-Uni, le morceau annonce la couleur : tout le long du disque, les Bhundu Boys vont saluer leurs influences. On retrouve la country de Nashville, sonorité très important pour eux, avec une reprise de Johnny Cash ou encore un morceau du countryman Don Williams. C’est en recopiant les morceaux de ce dernier, entendus à la radio, que les Bhundu Boys ont appris à jouer de la guitare.
Dans ce disque, une piste retient forcément l’oreille, un mélange assez unique qui rassemble de la harpe celtique écossaise et des rythmiques du Zimbabwe (on vous met au défi d’en trouver un autre qui fait le même lien). C’est « Foolish Harp / Waerera », et là, on se dit que l’on aimerait qu’un pont existe entre le Zimbabwe et les Highlands d’Écosse.