Le label berlinois Habibi Funk sort un nouveau projet, l’album Marzipan de Charif Megarbane.
Bon courage pour trouver quelqu’un qui n’aime pas Habibi Funk (et on est loin d’échapper à la règle chez Radio Nova !). Co-fondé en 2017 par Jannis Stürtz, cet excellent label berlinois s’est donné la mission de déterrer les trésors les plus funky du monde arabe. Et c’est une mission réussie. Du gnawa funk marocain de Attarazat Addahabia & Faradjallah en passant par le jazz soudanais de The Scorpions, la musique de films algériens de Ahmed Malek ou le reggae libyen de Ahmed Ben Ali, il semblerait que le chercheur d’or berlinois ne tombe que sur des pépites.
Pour la première fois depuis sa création, Habibi Funk présente un album contemporain, tout droit venu de Beirut (en passant par Lisbonne, où vit actuellement l’artiste) avec la sortie de Marzipan du multi-instrumentiste libanais à la discographie foisonnante – plus de 100 disques – Charif Megarbane. Si vous ne connaissez pas encore cet homme-orchestre, sachez qu’il se cache aussi, entre autres, derrière le projet instrumental Cosmic Analog Ensemble, et le label Hisstology. Cet album est une exploration du style singulier de Megarbane, qu’il nomme “Lebrary” : un regard sur le Liban mêlé à la library music. Pour rappel, le terme library music fait référence à la musique crée par des compositeurs de l’ombre pour illustrer films, reportages, émissions télévisées et radiophoniques. Contemporain, ce projet s’inspire néanmoins d’autres artistes du catalogue de rééditions de Habibi Funk comme les libanais Ziad Rahban et Issam Hajali, ou l’algérien Ahmed Malek, s’ancrant ainsi avec harmonie dans le paysage sonore construit depuis plusieurs années par le label.
Le groove ensoleillé de Marzipan navigue entre des bandes originales du cinéma européen avec des références à Jacques Thollot et François de Roubaix, et bien d’autres genres : la soul, l’afrobeat, la folk, le rock psychédélique, le funk, le disco ou encore la bossa-nova. Dans la musique de Charif Megarbane, les instruments sont rois et se mêlent à l’infini, entre piano, vibraphone (pour la faire courte, un xylophone en métal), basse, batterie, synthés à gogo. On en oublie sûrement tant les sonorités y sont riches et complexes.
Marzipan, ce sont 17 titres au cours desquels se dessinent les contours d’une Méditerranée idéale, gorgée de soleil et de mélodies au grain d’une caméra Super 8. Avec ce projet, Charif Megarbane ajoute une pierre à l’édifice de la maison où le funk est chéri.