Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
YellowStraps, Tentacle
Longtemps, les frères Murenzi, qui ont formé YellowStraps il y a une dizaine d’années, ont façonné à deux le son d’un projet dont le son, si singulier, oscille entre néo-soul, R&B, électro lancinante, jazz, rap emo. Alternance du Français, de l’Anglais, des langages du cœur. Deux âmes sensibles au service d’une musique qui groove, qui caresse (il y a du James Blake, du William Arcane, du Bon Iver des débuts dans certains morceaux), qui chante les amours que l’on perd, que l’on récupère, que l’on vit intensément, que l’on revit, que l’on garde dans un coin de la tête car le cerveau sait parfois protéger le corps auquel il est lié, et ne retenir que les moments doux. Des deux frères, l’un d’eux s’en est allé car la pression liée à YellowStraps devenait trop grande, et c’est donc seul qu’Yvan Murenzi sort aujourd’hui Tentacle, un album gonflé de featurings (Sam Wise, Roméo Elvis, Swing, Blu Samu, Sofiane Pamart), qui tire sur la corde sensible et fera fondre les plus glacés d’entre vous. À écouter en prio pour les plus pressés : “Tentacle”, “Notice” ou “Flowin”.
King Tuff, Smalltown Stardust
“Je voulais faire un album pour me rappeler que la vie est magique”, dit Kyle Thomas, aka King Tuff. “Un album sur l’amour, la nature et la jeunesse”, ajoute cet originaire du Vermont, à la frontière québécoise, où il a composé un disque qui se souvient de sa jeunesse passée, qui rêve des projets futurs, qui tente de communier avec la nature par le biais d’une pop qui n’a plus grand-chose de garage, de psyché ou de noise comme lors des années passées. On casera plutôt les cases indie, folk, country, là où les guitares tapageuses sont remplacées par violons, violoncelles, saxophones, guitares plus gentilles que par le passé. “Je considère que la nature est ma religion”, affirme enfin un artiste en pleine transition vers la phase la plus apaisée et peut-être bien la plus perchée de sa carrière.
Ugly Mac Beer, The Valley Of the Kings
Figure essentielle de la scène breakbeat en France, Ugly Mac Beer s’est fixé, au moment de composer son nouvel album, un objectif majeur, impensable, inaccessible… ou simplement audacieux ? Partir à la recherche, identifier, trouver et exploiter le sample porteur de la boucle ultime, celle qui pourra être reproduite encore et encore, apparaître partout, s’écouler vers l’infini, vers l’au-delà, d’un studio de production de l’hexagone à la Vallée des rois, là où les Pharaons venaient trouver, dans l’Égypte ancienne, une ultime demeure. L’a-t-il trouvée, cette boucle ? Faites-vous un avis en 22 minutes et 13 secondes (durée de The Valley Of the Kings). Après les albums Modonut 1 & 2 menés aux côtés de Mister Modo, un disque à mettre entre les mains des fans de Madlib, de DJ Shadow, de RZA, de Wax Tailor, des amateurs de voyages à travers les âges, les mondes, les sons et les idées.
Laura Cahen, Des Filles
Un an après l’album Une fille, l’album d’une prise de conscience, d’une prise de parole, d’une libération, Laura Cahen revient cette fois avec un album dédié aux filles (au pluriel) qu’elle admire, qu’elle fréquente, en qui elle se retrouve parfois. Juliette Armanet, Emel, Pi Ja Ma, Mélissa Laveaux, Yael Naim ou Jeanne Added, sur le magnifique featuring “Là où je vais”. “Je nous trouve souvent isolées les unes des autres, nous songwritteuses, et je me dis qu’on devrait essayer de se croiser plus, de partager plus, de se soutenir”, dit-elle justement. “Toutes les filles de mon âge se battent maintenant”, chante-t-elle plus justement encore. Et pourquoi pas, se battre ensemble ?
Lil Yachty, Let’s start here.
On termine avec le cinquième album du rappeur américain Lil Yachty (Let’s start here. donc hyper drôle de terminer par celui-là !) qui pose son flow détente détox sur des instrus branchées rock psyché, indie, tameimpalesque pour reprendre les mots d’un de nos programmateurs. Bon tripe et bon week-end.