Pour la 46ᵉ fois, Rennes a accueilli des oreilles curieuses en quête de nouveautés musicales. Nova était sur place et vous propose sa sélection chronologique et non exhaustive de son marathon musical aux Trans 2024.
Où vous placez-vous dans le débat qui oppose les personnes qui ne peuvent pas aller à un concert sans connaître par cœur chaque titre qui y sera joué et celles et ceux qui y vont avec l’unique envie de découvrir de nouvelles sonorités ? Depuis 1979, début décembre, Rennes accueille beaucoup de celles et ceux qui se situent dans la deuxième catégorie. Les cohortes de festivalier.e.s remplissent les halls du Parc expo et les salles de la préfecture bretonne, parfois sans connaître aucun groupe de la programmation, à la recherche des talents de demain.
Daniella Pes – Sardaigne
Avant même le début du concert, la salle est déjà pleine. L’Ubu, l’une des salles cultes de la ville de Rennes, est nappée d’une ambiance mystique, sombre et mélancolique posée par Daniella Pes. L’artiste sarde chante dans une langue hybride entre le gallurais — un dialecte sarde —, l’italien et des mots inventés sur des nappes et boucles qu’elle crée en direct. Le résultat est cosmique et visuel. Il y a un côté intemporel entre les synthés, les beats, les instruments modernes, les samples d’instruments anciens et les chants finalement proches d’une incantation.
Rahman Mammadli – Azerbaïdjan
Il est 17h15 et à quelques encablures de l’Ubu, encore une fois, performe le guitariste azerbaïdjanais Rahman Mammadli. Autodidacte depuis une quarantaine d’années, il a développé un jeu qui lui est propre, à la croisée entre style psyché 70’s avec ses distorsions et un genre traditionnel de la musique azérie. Malgré sa longue carrière et son style reconnu au Moyen-Orient, c’était, ce vendredi 6 décembre, sa première (et très remarquable) scène européenne.
Saigon Soul Revival – Vietnam
21h45, en ouverture du Parc expo, hall 8, on se presse pour découvrir un des groupes les plus attendus de la soirée, Saigon Soul Revival. À l’image d’Altin Gün qui avait marqué les Trans en 2017 en se réappropriant la scène psyché Turc des années 70’s, le quintet vietnamien de Hô Chi Minh-Ville remet en lumière cette scène oubliée de la ville à cette même période. Importée par les américains à l’époque, les locaux se l’étaient formidablement bien réappropriée, avec leur langue et des instruments traditionnels locaux. Le résultat avec Saigon Soul Revival est d’un chic époustouflant. Une incroyable présence scénique et un jeu technique délicieux.
VOKA GENTLE – Angleterre
Changement de salle et d’ambiance. De Hô Chi Minh-Ville, on atterrit en douceur (presque en apesanteur) à Londres avec le quatuor Voka Gentle. Une pop plurielle, curieuse et fantasque se répand dans le hall 4 du Parc expo dans un style difficilement descriptible tant les titres s’enchaînent et ne se ressemblent pas.
Ivo Dimchev – Bulgarie
D’une excentricité à une autre, celle-ci nous vient de Bulgarie. Chorégraphe, danseur, chanteur, artiste visuel, musicien, comédien, poète… Ivo Dimchev est un artiste pluriel et complet. À minuit passé, le performeur et activiste queer a livré un live surprenant avec son lot de ballades et vocalises parfois déconcertantes devant un public un peu clivé entre ceux qui voulaient taper du pied et les autres embarqués dans cet immense cabaret extravagant. Un moment résolument puissant de la soirée.
Def mama Def – Sénégal
Autre performance très attendue pour cette 46ᵉ édition des Rencontres Trans Musicales de Rennes, le duo hip-hop féminin Sénégalais Def Mama Def. Sur scène, les Dakaroise Mamy Victory et Defa (Daara J Family), assènent un show puissant à la croisée du rap et de chant R&B en wolof teinté d’amapiano et sons traditionnel, le tout dans une ambiance afro-futuriste fracassante !
HOME COUNTIES – Angleterre
Il est 3h du mat dans le Parc expo et l’ambiance est bouillante dans tous les recoins du festival. Nous, on reste bloqué toujours hall 8 où viennent de commencer les jeunes anglais de Home Counties. Ils rejoignent la liste des traditionnels groupes joués aux Trans qui font certes, un peu penser à LCD Soundsystem, un peu à Talking Heads aussi. Mais qu’est-ce que c’est bien ! Un live electro post-punk/new wave, jouissif et jubilatoire, résolument taillé pour le dancefloor. Parfaitement adapté à la fièvre festivalière nocturne.
TVOD – États-Unis
Il est presque 5h, et ce n’est pas Paris qui s’éveille. C’est Rennes. Le tour de cadran est terminé donc c’est que du bonus. Cette heure supp, on la passe avec plaisir, en compagnie du sextuor TVOD. Un pur produit rock, punk et post-punk tout autoproduit et un premier live pour eux en France qui nous a terminé tout en sueur.