Interviewer Beatrice Desgranges, la co-fondatrice en 1999 et toujours Directrice du festival Marsatac au lendemain de la conférence de presse où elle levait le voile, la robe et quelques dessous de la 24ème édition du festival marseillais Marsatac (10 au 12 juin au Parc Borely), c’est entendre des mots venir et revenir à mes oreilles, des mots comme promesse et expérience du festival, choix artistique, frappe et futur, dont les deux derniers sont détaillés ici sur le dernier épisode de ce triptyque !
Il y a comme une histoire de famille qui se joue dans ce dernier épisode consacré à Marsatac. Comme une filiation naturelle entre frappe et futur, entre la Frappe et le turfu, un truc sœur-frère, plus complexe que la simple fraternité ou sororité, un truc mixte qui brasse large et regarde demain droit dans les yeux, regarde ces talents en devenir et leur offre un premier marchepied vers le public, la notoriété et qui sait le succès. Ici ce n’est pas la télé-réalité, ici, c’est Marseille Bébé, tu le sais. Marseille à la veille de la 25ᵉ édition de Marsatac. Ça commence à chiffrer.
Un compagnonnage
« On a toujours eu le souci des formes émergentes, de la nouveauté et des jeunes pousses » explique Béatrice Desgranges, en évoquant cette 24ᵉ édition. « C’est notre ADN, parce qu’on a accompagné des mouvements naissants ici, qu’on a vu grandir, se développer et devenir ce qu’ils sont aujourd’hui« . Il faut dire qu’en un peu moins d’un quart de siècle, le hip-hop a changé la donne de la musique de France et ce n’est pas la Fonky Family — qui était de la toute première édition et à qui est emprunté le terme — qui dira le contraire. Ce compagnonnage avec les scènes hip-hop ou électro d’ici et d’ailleurs a été un terreau fertile pour le festival.
La Frappe
Ville ouverte au Mistral et au vent du large qui ramène le sable du désert, Marseille a su marquer les esprits des aficionados du hip-hop à chaque génération, au-delà même parfois des espérances des caïds des majors, qui se sont vu tondre l’herbe sous le pied, une herbe qu’ils n’avaient même pas sentie grandir pour la plupart.
Depuis son poste d’observation au plus près de la pelouse ou du bitume, Béatrice Desgranges et ses équipes ont repéré des artistes ou les ont laissé.es venir à eux, conscientes que le futur se travaille dès aujourd’hui.
« En 2019, nous avons décidé de formaliser ce travail de repérage sur l’ensemble du territoire, en s’appuyant sur un jury composé de professionnels avec lesquelles nous collaborons. Nous voulions aller plus loin sur le chemin de la professionnalisation que la première scène, les accompagner dans leurs rêves, tout en leur donnant les moyens de les dépasser. De fait, ils ont travaillé ensemble, échanger, discuter, répéter, construit un spectacle ensemble. On a inventé un dispositif scénique sur mesure pour eux. C’est tout ça la frappe ! », lâche-t-elle.
Pour ceux qui avaient loupé le coche en 2019, édition placée sous le signe du tunning, du gros son à l’arrière de la voiture aux jantes larges, la scène de la Frappe était une no-scène, artistes et publics au même niveau, sans barrières, dans un rapport de proximité « que la Covid nous a interdit depuis, et que l’on est heureux de renouveler aujourd’hui » commente la Directrice de Marsatac qui vient de clore les candidatures pour les sélections 2022.
Marsatac Agency
Ce soin porté à l’accompagnement des artistes se traduit aussi sous la forme de Marsatac Agency, une agence artistique de management, de production et de booking d’artistes émergents liés au festival. Dirlo qui a été membre de La Frappe en 2019, a aujourd’hui rejoint comme artiste le catalogue de Marsatac Agency et est à nouveau programmé sur une des scènes du festival. « On n’invente rien » précise-t-elle. « Ces nouvelles fonctions, activités viennent souvent fleurir autour de celles habituelles d’un festival.« .
L’esprit Pierre Henry pour les 25 ans
Marsatac pense à demain et imagine déjà l’édition d’après, celle qui sera marquée en 2023 du sceau de la 25. « Forcément, et surtout après les deux années Covid que nous venons de traverser et dont nous espérons être sorti, la 25ᵉ se doit d’être exceptionnelle » confie Béatrice Desgranges. « Le seul évènement dont je puisse parler aujourd’hui parce qu’il est acté, c’est une création autour d’une pièce du compositeur Pierre Henry de la Cie La Horde à la tête du Ballet National de Marseille et du collectif Maraboutage. Nous avions eu l’honneur d’accueillir Pierre Henry sur une des dates de sa tournée des 80 ans en 2007. Inviter les pères de ces musiques est une préoccupation forte du festival. Le retrouver dans une pièce validée de son vivant et y ajouter de la danse sera une belle façon de souffler nos 25 bougies !« , conclut-elle avant d’ajouter mystérieuse : « Et il y en aura plein d’autres.« .
(Marsatac du 10 au 12 juin au Parc Borely – Plus d’infos sur www.marsatac.com.). Nova aime Marsatac, Nova offrira des places, restez connecté.e