Sideman mythique du Black President, le musicien nigérian est parti rejoindre Fela et Tony Allen le 22 décembre dernier. En son hommage revivez une de ses récentes interviews par Mathieu Girod lors de la Black Atlantic Club au Sucre.
Oghene Kologbo est né à Warri, au Nigéria en 1957. Son père, Joe King Kologbo, était un célèbre musicien de Highlife. Dès l’adolescence, Kologbo a commencé à jouer avec le maître de l’Afrobeat et révolutionnaire Fela Kuti. Kologbo enregistrera plus de 50 disques avec son groupe Afrika 70. Il jouait les lignes hypnotiques de guitare ténor, mais bien souvent c’est aussi lui qui jouait la basse et la guitare rythmique sur les disques. Kologbo était l’assistant personnel de Fela, son magnétophone, il mémorisait les mélodies qu’il lui murmurait afin de garder une trace des inspirations des futurs titres phares afrobeat du Black President. En 1978, après un concert au festival de jazz de Berlin, Kologbo a quitté le groupe, accompagné de Tony Allen et quelques autres, et s’est installé à Berlin. Il collabore avec beaucoup d’artistes renommés tel que Brenda Fassie, King Sunny Ade, ou encore avec le groupe de reggae Roots Anabo. En 2005, Kologbo intègre l’Afrobeat Academy, le meilleur groupe d’Afrobeat de Berlin, qui par la suite a donné naissance au groupe du guitariste Ghanéen Ebo Taylor, puis à celui du chanteur Ghanéen Pat Thomas. En 2007, Kologbo se lance en solo avec un premier album en hommage à Fela puis un nouvel album Africa is The Future sorti sur le label français Paris DJs. Un album qui est le résultat d’une énergie collective. On retrouve ses compères Tony Allen, Pat Thomas ainsi que le deejay Joseph Cotton, la chanteuse Ayo, et des membres des Frères Smith, d’Antibalas et du Newen Afrobeat. Kologbo livre sa version de l’afrobeat du XXIème siècle dans sa forme la plus pure, mélangeant les inspirations d’origine et les styles plus modernes. Il en profite pour nous raconter en détail la naissance de ce disque et nous raconte comment est né l’Afrobeat dans les années 70 quand il côtoyait Fela Kuti ou encore Orlando Julius.
« Tous mes souvenirs sont cool, je les apprécie mieux maintenant. J’essaie de tous les partager, car si je meurs, ils vont disparaître et on va plus s’en rappeler alors je les transmets gratuitement le plus possible. Les gens achètent mes places, viennent me voir, et me disent que de partout au Rwanda, au Niger, tout le monde écoute l’afrobeat. Je suis content, le rêve de Fela se réalise et l’afrobeat devient connu mondialement. »