Des quartiers pauvres de la banlieue de Lilongwe aux rues d’Arles, Nova vous raconte l’histoire de ce duo intriguant.
En ce moment à Arles, c’est la musique qui habite les rues, les places, les théâtres antiques, les ruines et les jardins de la ville, avec le festival des Suds à Arles, qui tient cette année sa 26ème édition. Nova s’y est rendu et, entre les concerts de Ladaniva, Crimi, Lucas Santtana ou encore Flavia Coelho, a rencontré l’un des ovnis du festival, le duo de musiciens du Malawi, Yobou Malingwe et Yosefe Kalekini, qui forment à eux deux le Madalitso Band.
Depuis son adolescence dans les années 90, Yobu Malingwa chante et joue dans les rues d’une petite ville dans la banlieue de Lilongwe. Dix ans plus tard, il s’en va pour la capitale où il y rencontre en 2001 Yosefe Kalekini. Ils commencent alors à jouer ensemble, à tourner dans la ville, dans les rues ou le ghetto de Lilongwe, où ils continuent encore de jouer aujourd’hui.
Alors, comment ce duo a réussi à faire passer leur musique des rues d’un des trois pays les plus pauvres du monde à celles d’Arles ? Au Malawi, il n’y a aucune aide du gouvernement pour les musiciens. Même si, comme le confie Yobou, il y a des talents partout, énormément de musiciens vraiment doués, il n’y a pas de moyens de les enregistrer, de les produire ou de les diffuser, encore moins par-delà les frontières. Et pourtant, les voilà à tourner sur les routes d’Angleterre et de France depuis deux ans. Et c’est dû à un heureux hasard.
En effet, Neil Nayar, un musicien anglais, a décidé de s’exiler en Afrique en prenant un aller sans retour vers le Malawi. Là, il a rencontré le duo du Madalitso Band, a fait enregistrer leur musique et a proposé sans y croire de les faire jouer à des festivals hors de chez eux, d’abord au Zanzibar en Tanzanie, où une équipe de la BBC était présente, les a repéré et filmé, ce qui leur a ouvert ensuite les portes de l’Europe, de l’Angleterre puis de la France.
L’énergie de Yobou et Yosefe est communicative, simple, minimaliste mais terriblement efficace. Il leur suffit de s’installer n’importe où de s’asseoir, armés de trois instruments et seulement cinq cordes : une sorte de grosse caisse que frappe frénétiquement Yosefe avec le côté de son talon, la guitare traditionnelle de la banjo music du Malawi avec ses quatre cordes, et le babatone, mi-basse mi-percussion, constitué d’une caisse de bois recouverte d’une peau, d’un manche et d’une unique corde tirée d’une roue de camion. Un son et une imagination de la débrouille.
Et la musique et l’énergie de Yobou et Yosefe sont aussi spirituelles : quand ils jouent, ils disent eux-même obtenir leur énergie d’une force supérieure, d’un esprit qui habite tout musicien et qui le pousse à jouer, à chanter, encore et encore. Et pour cause, le show de Madalitso Band sur la Place Voltaire a duré presque deux heures de strumming et de groove ininterrompu, de rythmiques et harmonies vocales malawites. Et ça marche : sans exagérer, chaque mètre carré de la Place Voltaire à Arles, cet après-midi, était rempli d’une personne en transe, en train de danser ou de frapper des mains.
Cet été, le Madalitso Band se balade un peu partout sur les scènes de France, vous pouvez les suivre ici.