Aujourd’hui dans l’anniversaire du jour, on fête les 11 ans d' »I’m New Here », le dernier album de Gil Scott-Heron avant sa mort.
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-13h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Ce matin on célèbre un album qui sonne comme une rédemption, celle de Gil Scott-Heron et de son 13ᵉ disque : I’m New Here, sorti en 2010 après des années de galères.
Gil Scott-Heron, vous le savez sans doute, est un musicien poète militant qui a énormément compté pour l’Amérique contemporaine. Dès les années 70, il va chanter et slamer pour évoquer les luttes des classes populaires, des marginaux, l’antiracisme, l’anticapitalisme, avec une voix et une plume absolument remarquable.
Mais même s’il est toujours resté un modèle et un pilier, c’est aussi un homme qui a été happé par ses addictions, par ses démons : il a été un grand consommateur de drogue, ses addictions l’ont amenées à être violent, et les années 2000 ont été pour lui celles d’une descente aux enfers qui se termine en prison. C’est à l’époque où il alterne des séjours derrière les barreaux que le musicien, ex Clash, Don Letts décide d’aller le filmer, pour lui donner la parole sur ses dépendances, sa vision du monde, et faire parler énormément de musiciens qui disent à quel point cet homme a changé le rap, le blues, la musique américaine.
Un dernier disque puissant, sur lequel le musicien poète se livre tout en pudeur.
De l’autre côté de l’Atlantique, un homme : Richard Russell le boss du maxi label XL Recordings, trouve ça inspirant. Il lui propose d’enregistrer un disque, un dernier, où il dira tout, mais avec une pudeur absolue. Cet album c’est I’m New Here. Trente minutes à peine où Gil Scott-Heron récite sa poésie, se raconte junkie, décrit son enfance, s’interroge sur la prédétermination de son destin, en tant qu’homme noir américain, et puis juste explore encore toutes les potentialités de sa voix et de son mot.
C’est un disque qui ne s’apitoie pas, qui est moderne parce qu’ancré dans une musicalité des années 2010, qui est touchant et puissant. C’est son dernier disque aussi, puisqu’il meurt un an plus tard. Et c’est un de ses gestes les plus puissants de livrer ça comme dernière œuvre, lui le bluesologist, qui se servait du blues comme d’une science pour observer le monde, Et qui a fini par se laisser aspirer par la distance critique et la marge qui lui permettait de juger la société.
On écoute le titre « I’m New Here ».
Crédit © Pochette d’ I’m New Here, de Gil Scott-Heron.