Alors que la semaine dernière on célébrait le label Blue Note, direction Detroit ce matin pour rendre hommage au label Motown, qui souffle ses 63 bougies.
Là encore, l’histoire de cette maison de disques culte permet de comprendre comment la Motown a marqué la musique. Parce que tout naît d’une frustration : celle de Berry Gordy, à l’époque jeune homme, ouvrier dans une usine Chrysler, mais aussi compositeur et musicien plein d’idées. Il écrit pour d’autres, il met son talent aux services d’artistes qui chantent bien, mais pas exactement comme il le voudrait.
Alors il se décide en 1959, en empruntant de l’argent à sa sœur, à monter son propre label. Il débarrasse son garage, y installe un local d’enregistrement et monte un studio qu’il appellera d’abord comme lui, Gordy, puis Tamla et finalement Motown – hommage à la Motown Town comme on appelle Detroit.
Ce que veut y faire l’artiste c’est faire des tubes, de soul, de rhythm’n’blues, qui plaisent autant au public blanc que noir-américain. Il veut aussi créer un havre d’excellence – alors il recrute parmi les meilleurs musiciens qu’il connaît pour former les Funk Brothers – qui sera le groupe de studio qui accompagnera tous ceux qui viendront chanter. Et puis, il mise tout sur la composition, l’arrangement, la production – et appelle des Smokey Robinson, des Ashford & Simpson, des Holland, Dozier et Holland, soit des faiseurs de tube, qui ont de l’or musical au bout des doigts.
Pour parfaire sa champion’s league, il réunit des formations à qui il offrira de chanter des morceaux dont il est sûr qu’ils seront des tubes.
Eux ce sont les Temptations, Martha and the Vandellas, Stevie Wonder, Marvin Gaye, Diana Ross et ses Supremes, les Four Tops, les Pointer Sisters, les Jackson 5.
Les morceaux qu’ils chantent vous les connaissez, vous sauriez les chanter presque instinctivement, siffler leur mélodie. Dès 1960, la Motown devient une usine à tubes. Et une formation exceptionnelle pour des groupes noirs-américains qui connaissent un succès inédit dans cette industrie américaine sous domination blanche.
Berry Gordy est un patron autoritaire – qui contrôle le son, l’esthétique, et jusqu’à la manière qu’ont ses artistes de s’habiller. Mais c’est un génie de la musique populaire, qui fait de l’entrisme dans l’entertainment américain : pas militant, Berry Gordy sait qu’il faut séduire les émissions de tv les plus commerciales. Et c’est grâce à lui, aux artistes géniaux à qui il a donné de la voix et à la success story de son label que Detroit se fait appeler “Hitsville USA“.
Bref joyeux anniversaire label dont il y a tant à dire : que choisir parmi tout le catalogue fou qui s’étend jusque dans les années 90/2000 avec des Damian Marley, Erykah Badu ou les Boys II Men ? Et bien je crois, un de mes morceaux préférés de Diana Ross et ses Supremes : “Love Is Like An Itching In My Heart“, composé par Holland et Dozier en 1966.