Aujourd’hui dans l’anniversaire du jour, l’album silencieux « Sleepify » de Vulfpeck
Ce matin nous fêtons l’anniversaire d’une idée assez géniale, puisque techniquement je ne peux pas fêter l’album qui va avec, car il n’existe pas.
Tout ça part d’une bonne idée de Vulfpeck, un collectif de musiciens ultra talentueux qui se sont rencontrés à l’Université du Michigan, fondé par 4 nerds de funk et de jazz. De super techniciens qui ont aussi eu envie de se marrer, et qui veulent bien le succès mais si et seulement si, il leur permet d’être libres et de ne jamais trop se prendre au sérieux.
En 2011, alors qu’ils sont encore à l’université, ils commencent à enregistrer des petits projets qui se font remarquer, et qui leur permettent de fédérer une petite communauté de fans de funk. Mais il leur manque encore la petite étincelle qui fait parfois le succès des groupes. Et cette étincelle, ce feu de camp même, va arriver grâce à un coup de génie qui date de 2014.
À l’époque, c’est les débuts des grosses plateformes de streaming. Et alors que le groupe rêve de se payer une tournée, mais n’a pas les moyens qu’il faut, Vulfpeck compose un album révolutionnaire : Sleepify. Cet album est littéralement composé de 10 morceaux qui s’appellent « Z », « ZZ », « ZZZ », « ZZZZ », etc… et qui sont en fait des pistes totalement silencieuses.
Un album composé de silence, qui leur permettra de financer leur tournée et se faire connaître
Le concept de Vulfpeck est d’arnaquer Spotify, à qui ils reprochent d’arnaquer les artistes, en demandant à leurs fans de participer à l’entourloupe en jouant l’album silencieux en boucle pendant leur sommeil afin de générer des millions de vues et donc de gagner l’argent qui leur manque.
Hacker le système avec intelligence et style, c’est un peu ce qui va permettre au groupe de se faire remarquer à travers le monde. Parce que ça va marcher : non seulement ils arrivent à rassembler les 20 000 dollars qu’ils espèrent et peuvent donc organiser leur tournée, mais en plus leur initiative fait parler d’eux et intrigue, aux Etats-Unis et en Europe.
Pour l’histoire il va falloir quelques mois à Spotify pour retirer l’album de sa plateforme, et comprendre qu’ils se sont fait avoir, mais ça va les inspirer à modifier leur modèle de rémunération des artistes, pour le meilleur ou pour le pire.
Depuis, le groupe fonctionne d’ailleurs un peu en indépendant, avec uniquement leur communauté de fans qui remplissent en 30 secondes toutes les dates qu’ils annoncent, qui achètent leurs disques, et qui leur permettent de grandir. Le groupe a depuis bossé avec Bootsy Collins, Bernard Purdie, et s’est fait une place parmi les grands noms de la funk contemporaine.
Vous comprendrez donc que je ne peux pas vous jouer les titres silencieux de ce disque. En revanche, je peux vous jouer mon morceau préféré du groupe : « Conscious Club » sorti en 2016. Un morceau qui parle de grosses teuf à Berlin et qui a une pêche folle.
Crédit © Pochette de Sleepify, de Vufpeck.