Aujourd’hui on fête un double album comme on en a rarement entendu : le fameux « Speakerboxxx / The Love Below « , 5e disque d’Outkast qui sort un 23 septembre 2003. Un disque conceptuel, ambitieux, dansant, joyeux.
Pour en rappeler la genèse, Outkast c’est ce groupe d’Atlanta avant les autres, qui va placer non seulement cette ville sur la carte du rap américain, mais qui plus que ça va s’émanciper du classique duel au soleil entre le rap East Coast et West Coast. Big Boi et André 3000, les deux fondateurs du groupe, s’intéressent à plein d’autres choses. Ils sont spirituels, excentriques, parlent d’extraterrestres et d’afro futurisme. À eux deux ils font des choses folles, avec des prod’, des interludes, des couplets et des refrains de malades qu’ils fusionnent jusqu’à créer une entité extraordinaire.
Sauf qu’au début des années 2000, après 10 ans de collaborations et de cohésion, les envies divergent un peu pour eux, au point de s’accorder sur un album séparé en deux. Il y aura le disque de Big Boi et il y aura celui d’André 3000. À l’époque, ils ne parlent pas de rupture, mais juste de visions distinctes et préfèrent imaginer ce disque comme le recto et le verso d’un même disque. La vérité, c’est qu’on sent qu’on est à l’aube d’un lendemain où le meilleur groupe de rap des années 90 va se scinder, mais on savoure ce qui reste de leur union.
D’ailleurs, sur la face A – on croise aussi en featuring André, et sur la face B – Big Boi collabore. Mais la première partie du disque est plus old school, provocante, calibrée, tandis que celle d’André ressemble à un opéra, une comédie musicale, à quelque chose d’autre que du rap. On sent que le groupe regarde déjà vers un autre futur.
Cette œuvre-là va être un succès phénoménal, c’est là qu’on entend Hey Ya!, Roses et Prototype, mais aussi Ghetto Musick ou The Way You Move. Et tout ça, c’était il y a 18 ans.