Aujourd’hui dans l’anniversaire du jour, on fête un classique, une œuvre majeure de l’histoire du hip-hop et du rnb moderne : c’est « The Score » des Fugees
Tous les jours dans Alpha Beta Nova (lundi au vendredi, 9h-13h), Sophie Marchand célèbre un anniversaire, d’une personne, d’un disque ou d’un événement.
Aujourd’hui on fête un anniversaire culte, qui à vrai dire fait écho à un autre anniversaire qu’on a fêté il y a peu : puisque ce matin on rend hommage à The Score, deuxième album mythique des Fugees.
Il y a quelques jours, je vous racontais l’histoire du premier disque du groupe, sorti en 1994. Un album qui n’a pas tant marché que ça, mais qui a poussé les Fugees à ne rien lâcher, à s’acharner pour créer l’oeuvre dont ils rêvaient à l’époque. Les Fugees, c’est Lauryn Hill, Wyclef Jean et Pras Michel : des copains qui se sont rencontrés autour de la musique, avec l’idée de chanter à mi chemin entre du gospel, du hip hop, du rythm n blues et de la soul.
Et c’est ce qu’ils vont faire: en 1995, alors que le trio cherche de quoi enregistrer un album, un homme, Chris Schwartz, va leur faire confiance et leur donner 135 000 dollars, et la garantie d’une absolue indépendance en termes de création. Avec l’argent ils vont s’acheter un studio, et avec leur indépendance totale, ils vont créer un chef d’oeuvre.
Le studio, ils l’installent au sous-sol de chez l’oncle de Wyclef. Ils appelleront cet endroit le Booga Basement, et ils vont y bosser pendant quelques mois. Tranquillement, sans pression, avec l’envie de raconter leur histoire, celle de trois jeunes gosses, et de tout ce qui les a élevés musicalement et spirituellement.
Un disque complet, aux productions travaillées et aux paroles engagées.
Ils invitent aussi des copains producteurs, et vont se plonger dans des classiques du rnb et de la soul pour y chercher des samples. Bref, ils prennent le temps qu’il faut pour créer une oeuvre classique. Et quand ce disque sort, c’est une claque absolue pour tout le monde, pour les fans de hip hop qui s’y retrouvent dans l’ancrage social et politique du disque, pour celles et ceux qui en ont marre des productions à la Dr Dre, pour les amateurs de traditions musicales noires-américaines, et pour les passionnés de reggae. Honnêtement si The Score est si culte, c’est parce qu’il est absolument complet : la production habille à merveilles des paroles engagées qui sont chantées impeccablement.
Des œuvres comme ça, il y en a quelques unes par décennie, et souvent il est dur de passer derrière. Les Fugees eux-mêmes n’ont jamais rien sorti après, il y a eu conflit, et séparation. Mais ne laissons pas le futur ternir le passé et profitons de cet album comme il se doit.
La semaine dernière je vous jouais la version enregistrée en 1996 dans les studios de nova du morceau « Vocab », et bien sachez que dans ces 30 minutes de freestyle on entend aussi « Cowboys », en version freestylée, avec Wyclef qui pose en créole haitien : une folie.
Crédit © Pochette de The Score, des Fugees.