Ce matin on célèbre les 48 ans d’un disque d’une icône de la funk, de la liberté, du féminisme à côté de laquelle l’industrie musicale est peut-être passée.
Betty Davis est née en 1944 et elle est morte il y a quelques semaines. Elle a eu mille vies et a été chanteuse, productrice, top-modèle, muse, coup de pied et coup d’éclair… Ce disque-là est son deuxième album et il faut bien comprendre son titre comme un manifeste : « On dit de moi que je suis différente« . Et pour cause, elle l’était.
À 10 ans elle se passionne pour la musique et notamment pour le blues dont elle aime les tonalités, les artistes, l’esthétique, l’histoire ténébreuse et les reliefs. Toute sa vie, Betty Davis va se passionner pour tout ce qui est diablement vivant, électrique, psychédélique, ce qui ne triche pas et ce qui flamboie. D’ailleurs si elle s’appelle Davis c’est qu’elle a été l’épouse quelque temps de Miles Davis qui sera chamboulé toute sa vie par ce qu’elle lui aura appris et ouvert comme perspectives musicales.
Et quand elle se met à sortir des disques c’est ce qu’elle vise : un truc sincère, viscéral, libre et acharné. Ça s’entend dans son premier album, qui ne marche absolument pas autant qu’il ne le devrait, et ça se sent dans ce disque-là : They Say That I’m Different qui regorge d’électricité et d’idées géniales mais qui est sans doute trop avant-gardiste.
D’ailleurs Betty Davis arrêtera à un moment la musique et la scène, lassée de ne causer que de la surprise. Parce que dans le fond c’est aussi de l’admiration sincère pour son travail qu’elle aurait dû générer, elle aurait dû être imitée et célébrée. Et notamment pour cet album qui est un bijou de funk, où l’on croise des musiciens virtuoses qui se mettent au diapason de ses idées à elle qui rayonne, gémit, rugit, envoûte et qui fête aujourd’hui son anniversaire.