Un concert hommage est organisé à New-York à l’occasion des 100 ans de la naissance du Rey del Timbal. L’occasion de se replonger dans la discographie pharaonique de Tito Puente.
« Je ne suis roi de rien du tout, laissez-moi en paix avec mes timbales », à la fin de sa vie, Tito Puente, géant de la musique latine, qui aurait fêté ses 100 ans le 20 avril dernier, cumulait plusieurs couronnes : roi du mambo, roi de la timbale et roi de la musique latine, des titres honorifiques qui n’avaient pas l’air de le passionner.
C’est dans le quartier de Spanish Harlem à New York que Tito Puente grandit, une zone avec une forte communauté hispanophone et un point chaud pour la scène musicale. C’est là que le futur Rey fait ses premiers pas d’un parcours qui l’emmènera au sommet. À 5 ans, il est déjà danseur, étudie le piano, l’orgue, le vibraphone, la batterie, les congas, les timbales, un planning déjà bien chargé. Parmi ces instruments, l’un d’entre eux accompagnera toute sa carrière artistique puisque Puente est reconnu comme le « roi de la timbale ».
Il n’y a pas un genre de la musique latine que le maestro n’ait pas touché et sublimé : mambo, cha-cha-cha, salsa, rumba, Puente est inesquivable. Son visage est devenu un symbole fédérateur pour les musiciens latin et une référence dans la culture populaire américaine. L’artiste est tellement culte outre-Atlantique qu’il a même reçu une invitation pour un passage à Springfield, pour un mambo accusateur destiné à Monty Burns.
En 50 ans de carrière, Tito Puente, n’a pas cessé de travailler et de peaufiner son sens du rythme, bâtissant une discographie pharaonique avec plus d’une centaine d’albums et des crédits dans tous les sens : c’est bien simple, 24 heures ne suffirait pas pour écouter toutes ses productions. En plus de cette carrière prolifique, notre musicien était un homme qui avait le pouvoir de fédérer autour de sa musique, en particulier lors de ses performances au Palladium, la salle New-Yorkaise où l’on écoutait du mambo tous les soirs. Il est arrivé que lors de ses concerts, que des ennemis de toujours se réunissent pour écouter ses prestations.
Comme le journaliste Luc Delannoy, spécialiste des musiques latines, l’explique dans son ouvrage, Caliente! une histoire du Latin jazz « Tito Puente fut l’homme des réconciliations. Alors que dans les années 50, les tensions sociales secouaient New York, les grands orchestres de Puente rassemblaient sur la piste de danse du Palladium toutes les communautés ethniques qui jusqu’alors s’entre-déchiraient ».
Après toutes ces années passées sur scène, Tito Puente est décédé le premier juin 2000 des suites d’une crise cardiaque après un concert, il avait 77 ans. 23 ans plus tard, c’est le centenaire de la naissance de ce musicien, un centenaire qui se fêtera en musique les 5 et 6 mai prochain au Jazz Lincoln Center de New York. Pour ceux qui, comme nous, ne prévoient pas de traverser l’océan, Para Los Rumberos album phare de Tito Puente est réédité sur le label Craft Recordings pour fêter les 100 ans de la naissance de cet homme qui aura marqué l’histoire de la musique et su réunir des communautés entières autour del ritmo.